Depuis quelques temps, il arrive au Lardon d’avoir peur, et il nous le dit : « J’ai peur ». Ou plutôt « jaipeurjaipeurjaipeurjaipeur ». Avec parfois une variante « jaipaspeurjaipaspeurjaipaspeur ». Variante ou pas, il est figé, terrorisé — sauf si on est à distance de ses bras, auquel cas il nous saute sur les pieds (l’important est de ne plus toucher le sol, qui abrite l’objet de ses peurs) en s’agrippant à nos jambes.
Bref, donc, le Lardon, parfois, a peur. De quoi ? C’est variable, en fonction des périodes : d’un bruit (qu’il a entendu à cet endroit il y a plusieurs jours), des chats, des chiens, d’une voiture, de l’aspirateur, d’une LED de l’ordinateur, du bain, de choses que l’on a pas identifié. Parfois, il a peur de choses qu’il a connues, vues et côtoyées pendant des mois, sans que l’on remarque un moment où il aurait eu un traumatisme. L’objet de la peur en lui même n’est pas toujours facilement identifiable, mais c’est difficile de nier le réel de l’émotion qu’il ressent, surtout quand il est accroché de ses 11 kilos à nous, refusant de mettre un pied par terre, pendant une ou deux heures, ou trois jours…

Se cacher les yeux : une manifestation de la peur classique chez les enfants, même quand il s’agit d’un bruit !
Les peurs des enfants
Heureusement, je ne suis pas sans savoir que la peur (et apprendre à la surmonter) est une étape importante du fonctionnement de l’enfant. Sur Naître et Grandir, l’article Peurs enfantines, mais pas anodines rappelle ce qu’est la peur enfantine :
Une peur représente un élément dans l’environnement de l’enfant qui lui est inconnu et qu’il ne sait pas comment affronter.
À chaque âge sa peur : séparation à 8 mois, bruits à 1 an (okay le Lardon a plutôt deux ans, mais il ne peut pas être avancé sur tout que voulez-vous) (par contre, il sait compter jusqu’à deux !) (et dit plus de 200 mots !) (si si, j’ai compté sur son imagier !) ; les gros animaux à 2 ans, des situations particulières à partir de 5 ans, etc.
Ouf, super, la peur enfantine, c’est normal. Mais comment faire pour l’aider à la surpasser ? (Non parce que quand il saute sur mes pieds en chaussures et que je suis pieds nus, je douille !) Comment faire pour aider son enfant à distinguer les situations inoffensives des situations dangereuses ?
J’ai ressorti Cohen, Filliozat et cie de mes livres préférés pour m’éclaircir les idées et remettre tout ça par écrit.
Accompagner la peur de son enfant
Le prendre au sérieux
Un peu la base, quand on s’intéresse à l’éducation dite bienveillante, mais pas facile pour autant, surtout quand l’objet de la peur semble dérisoire d’un point de vue adulte.
Donc prendre son enfant au sérieux, c’est admettre que l’émotion qu’il vit, sa peur, est réelle, et qu’un « Mais non t’as pas peur » ne suffira pas à l’aider à se sentir mieux.
En revanche, le réconforter physiquement, en se mettant à son niveau et/ou via un contact physique permet de montrer à l’enfant qu’on a compris ce qu’il ressentait : « Ohlala, tu as eu très peur on dirait… »
Mettre les mots sur les émotions
Première étape : identifier la peur. Merci le livre sur les émotions, le Lardon sait identifier seul ce qui lui arrive : il a peur.
J’essaye maintenant d’aller un peu plus loin et de verbaliser le côté passager de la peur. Cette émotion est comme une vague qui monte et qui finit par redescendre et s’évanouir. Je commente alors sa réaction : « Tu as peur de la porte de l’ascenseur alors tu t’es reculé. Maintenant, ça va mieux tu vois, la porte de l’ascenseur se referme sans te toucher. »
En revanche, si la raison de la peur n’est pas identifiée, il vaut mieux ne pas essayer de comprendre. C’est très tentant de demander « Mais pourquoi tu as peur de cette LED d’ordinateur, elle a toujours été là ??! (BORDEL) ? ». Mais Faber et Mazlish rapellent que derrière l’intention noble d’aider, nous ne faisons que de rajouter des problèmes : « En plus de leur détresse initiale, ils doivent maintenant en analyser la cause et fournir une explication raisonnable. Très souvent, les enfants ne savent pas pourquoi ils se sentent de telle ou telle façon. ». Alors, j’essaye d’accepter le fait de ne pas toujours comprendre ce qu’il y a de terrorisant et je me contente d’être là (et c’est déjà pas mal !).
L’aider à relâcher la tension de son corps
Nous n’y pensons pas assez, pourtant, quand il est vraiment tétanisé, nous pourrions lui proposer de respirer profondément, de chanter, courir, sauter. Dans Qui veut jouer avec moi ?, Cohen développe beaucoup d’idées de jeux qui permettent d’expérimenter son pouvoir ou de retrouver la confiance en soi. Et si nous jouions à la bagarre contre la peur ? Le Lardon adore crier « attaque » en brandissant une épée imaginaire, je suis sûre qu’il écraserait sa peur à plate couture !
Montrer que c’est normal
Que ce soit juste après une grosse peur, ou dans la vie de tous les jours, je n’hésite pas à mentionner que moi aussi j’ai peur (des vers de terre) (de conduire) (quand on me fait sursauter). Ça arrive à tout le monde et c’est normal !
Et côté livres ?
Et puis, bien sûr, j’ai cherché des ressources côté littérature jeunesse. Contre toute attente, j’ai eu bien du mal à trouver ce que je cherchais ! Des livres sur le caca, les prouts, la piscine, les enfants qui ne veulent pas dormir, les grands frères et les petites soeurs, il y en a pléthore. Les livres sur la peur du noir (une des choses dont le Lardon n’a pas du tout peur, je ne compte pas lui souffler l’idée) se comptent par dizaines aussi ! Mais des livres sur la peur, plus particulièrement du bruit, ça a été une autre paire de manche…
Voici quand même une petite sélection de livres classée par facilité de lecture. Les deux derniers sont plutôt destiné à des 3-5 ans mais j’ai quand même trouvé mon bonheur avec Ça fait peur, de… Jeanne Ashbée ! Décidément, elle est fantastique !
- Ça fait peur !, de Jeanne Ashbé
- Mes petites peurs, de Jo Witek et Christine Roussey (Caroline en parle sur Apprendre à éduquer)
- Ysée et Croco n’ont même pas peur, de Catherine Aimelet-Périssol (Nadège en parle sur Un amour au naturel)
Dans Ça fait peur, on suit l’histoire de Lou et Mouf dans des situations à priori anodines, avec leur pendant « effrayant » derrière le rabat de chaque page. Ainsi, le Lardon a beaucoup joué avec le volet de la page du chien :
- D’abord regarder la page où Lou aime faire des caresses au chien.
- Puis ouvrir le rabat pour découvrir Lou qui a peur du chien qui aboît.
- Pour revenir au côté caresses ; puis regarder le côté aboiement ; côté caresse ; côté aboiement… et ce pendant 10 minutes. Bref, un enfant qui lit un livre quoi 😆 Mais surtout qui apprivoise ses peurs !
Et chez vous, comment se passent les peurs enfantines ? Et, rassurez-moi, ça passe HEIN ?
Nous n’avons pas encore eu cette période. Peut être que ça viendra plus tard. En tout cas, merci pour tes ressources. Nous notre problème récurent, c’est le sommeil 😦
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Héhé, on dirait une blague nulle carambar : « Tu préfères un enfant qui ne dort pas ou qui a peur ? » L’arnaque ! J’ai cru que tu avais eu du mieux cependant, j’espère que ça va reprendre/durer !
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oui, trop nul la blague carambar !!! Oui on a eu du mieux et depuis dimanche c’est repartis 😦
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Ah plein de bonnes idées à creuser.
Chez nous on est en plein dedans chez l’ainé (trois ans )enfin c’est surtout qu’il nous l’exprime clairement.
Il a vraiment peur des chiens, bon de ce côté là, c’est plutôt une phobie et on sait qu’elle a débuté suite à des vacances chez mes parents vers ses 18mois car ils ont un gros chien très envahissant qui l’a beaucoup bousculé. N’empêche que même un chihuahua sur le trottoir d’en face va l’effrayer (il crie et se cache derrière mois). Il a aussi peur des pigeons (ça je sais qu’il s’est effrayé une fois en s’approchant d’un pigeon qui s’est envolé). Bon les pigeons et les chiens en ville, c’est pas de bol. Les mygales et les serpent ça aurait été plus gérable!
Il a aussi peur des monstres et des ombres. Pour les ombres, j’ai essayé de faire des ombres chinoises avec, je suis moyennement douée mais ça a eu son effet. Il a eu un moment où il avait beaucoup de mal à s’endormir. Du coup on a acheté une veilleuse et puis on a mis le petit frère avec lui dans la chambre, ça aide (et parfois la peur était aussi un prétexte à nous rejoindre dans la chambre où on dormait avec le bébé)
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Ah oui, les pigeons, c’est pas l’amour fou non plus ici. Il dit « J’ai peur » mais n’est pas tétanisé : il reste prêt de moi à les regarder et rigole même parfois si les pigeons volent, c’est toujours ça.
Pas évident de composer avec tout ça ! Ici, ça va quand même mieux qu’il y a deux mois mais je me rends compte que de nouveaux sujets de peurs peuvent surgir chaque jour… Mais bon, c’est comme pour tout le reste : à 15 ans, aucun ado n’a peur des ombres, ça passera quand il sera prêt 😅
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Ben tu sais personnellement, je suis pas rassurée rassurée quand je suis seule avec les enfants la nuit… Quant à laisser une main trainée par terre sous le lit…avec tout ce qu’il peut y avoir en dessous … 😉
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Ton article tombe à pic, mon fils ainé (28 mois) est en plein dedans aussi. Il a peur des chiens depuis longtemps (Suite à une léchouille faite par un berger allemand alors qu’il n’avait pas tout à fait un an. On avait presque réussi à lui faire dépasser sa peur mais il a revu le chien en question cet été et depuis c’est la panique dès qu’il voit un chien). Mais dernièrement, il a aussi peur de plein de bruits (moto, volets des magasins en bas de chez nous qui ferment, musiques fortes, nottament les manèges et lesfanfares). Je vais essayer de trouver le livre de Jeanne Ashbé pour commencer !
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Ça n’est vraiment pas évident quand ce sont des bruits/des peurs qu’on est susceptible d’entendre à chaque coins de rue !
En finissant décrire mon article commencé il y a plusieurs semaines, je me suis rendue compte que les choses avaient quand même beaucoup bougées avec le temps pour nous : même s’il continue à nous dire qu’il a peur, les réactions du Lardon sont moins paniquées. On tient le bon bout, je vous le souhaite aussi 🙂
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Oui, ça passe … Mais en général, une peur laisse place à une autre. En ce moment, Loulou a peur des motos (mais elles le fascinent en même temps) et Chaton n’est toujours pas à l’aise avec des visages inconnus.
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Depuis que j’ai écris l’article, ça va bien mieux après deux mois difficiles ! Je croise les doigts jusqu’à la prochaine !
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Ah, je reconnais ma fille de 23 mois ! La dernière peur en date est… assez surprenante: elle a peur des pluches (du genre les bouloches de chaussettes qui se détachent des orteils dans l’eau du bain) et des (moutons de) poussières !
Ce n’est pas insurmontable pour le moment (j’avoue, ça nous arrange même pour le bain: elle sort plus facilement !) mais je vais tenter de lui dire ce qui me fait peur aussi. Même si je crains qu’elle agisse un peu par mimétisme et finisse par s’imprégner de mes propres peurs en fait =/
Et je note pour le livre de L. Cohen: il me tente bien car jeu = désamorçage efficace ! Parentalité ludique, j’aime ce terme 😀
J’espère que ça va chez toi avec tes deux garçons, belle semaine !
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Ah oui, je connais cette peur aussi ! Mais pour le coup, je la comprends : je suis myope alors dans le bain, sans mes lunettes, ça me fait toujours flipper ces machins « non identifiés » 😆 Je vois vraiment ce que tu veux dire sur la crainte du mimétisme (pourquoi diable autant de livres parlent de la peur de noir… et si jamais il l’attrapait ???). Concernant la parentalité ludique, j’ai tellement de choses à dire sur ce sujet, c’est vraiment la révélation de ma vie ! (ouais carrément :D) J’ai d’ailleurs prévu de publier là dessus le mois prochaine ! Belle semaine à toi aussi 🙂
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