La semaine dernière, je me replongeais dans les archives du premier trimestre de ma grossesse du Lardon. Par la magie des souvenirs, nous voilà déjà au deuxième ! (Ah, si seulement ça passait aussi vite dans la vraie vie…). Paré ? C’est parti !
- 13 octobre : Je ne passe plus inaperçue : dans le métro, on me laisse une place assise !
- 14 octobre : Ah non tiens, pas quand je porte ma doudoune.
- 20 octobre : Mon ventre est recouvert d’un fin duvet. Ayant été élevée dans la société patriarcale qui est la nôtre, j’ai hérité d’une hantise du poil chez la femme et je suis complètement mortifiée. Par chance (?), mon duvet fait plutôt rire mon amoureux.
- 22 octobre : La chasse au prénom continue : « Justin t’aime bien ? » « Comme Justin Bridoux ? C’est bizarre pour une végétarienne…» Pfffffff.
- 1 novembre : Pour la 38ème fois de la journée, je m’apprête à faire écouter ma playlist préférée à mon ventre, quand soudain, j’arrête mon geste : je finis toujours par détester les chansons que je choisis pour me réveiller le matin. Et si je réveillais mon bébé ? Et s’il finissait par détester mes chansons adorées ?
- 2 novembre : Il est 10 h 50, j’attaque avec appétit mon 4ème petit déjeuner.
- 3 novembre : J’ai réussi à appeler mon chéri à temps pour qu’il sente un coup du bébé ! On se fait taper dessus !! Et on est content !!!
- 4 novembre : Pop ! C’est le bruit qu’a fait (dans ma tête) mon nombril quand il a décidé de ressortir après une raclette entre amis.
- 6 novembre : J’ai du mal à me baisser pour mettre mes chaussures après cette raclette (oui la 2ème de la semaine).
- 7 novembre : Si j’en crois la projection du fichier Excel que je tiens religieusement, à la fin de ma grossesse j’attendrai les 76 kg. Pour quelqu’un qui a commencé à moins de 50 kg, ça fait bizarre !
- 8 novembre : Fausse alerte, ma forte prise de poids venait en fait des 2 raclettes.
- 9 novembre : Des amis nous ont donné 52 couches taille naissance. Je suis contente, je m’imagine que ça nous sera suffisant pour 2-3 mois. Un rapide sondage auprès d’amis déjà parents m’apprend que ce sera juste assez pour 5-6 jours…
- 10 novembre : Je caresse mon ventre avec amour à chaque coup que je reçois. Ça en dit long sur l’éducation qu’on compte donner à cet enfant.
- 11 novembre : Je me fais taper dessus (ou plutôt dedans) à longueur de journée et je n’en peux plus, il faut que ça stoppe ! Est-ce que je dois serrer la vis ? Punir ? Le priver de repas ?
- 12 novembre : Je passe la soirée à lister tout ce qui me parait nécessaire d’acheter à l’arrivée du bébé. Mon cerveau continue le travail seul et me réveille à 4h26 du matin : “ Un manteau !! Il lui faudra un manteau !”
- 14 novembre : Lendemain des attentats du Bataclan. Je suis seule avec mon ventre et je passe la journée scotchée sur Twitter à voir les avis de recherche se transformer en avis de décès au fur et à mesure de la journée. Pour être sûre d’être bien au fond du trou, j’écoute en boucle Quand on a que l’amour. Et puis, pour la première fois, je vois mon ventre bouger. Je resterai persuadée toute ma vie que s’il a choisi ce jour là, c’est pas un hasard. L’enfant à l’intérieur de moi, totalement innocent et inconscient de la folie de notre monde, a senti que j’avais besoin de réconfort et iel a réussi à me redonner une foi inouïe en la vie ! Je lui promets de l’élever avec le plus de tolérance, bienveillance et ouverture au monde possible !
- 19 novembre : S’il y a bien un truc que je déteste avec mes nouveaux gros seins, c’est la peau qui reste humide après la douche, sous le pli d’en dessous là. Sans compter qu’ils vont bientôt toucher mon ventre, ça va encore moins bien sécher !
- 21 novembre : J’ai passé la moitié de ces neuf mois ! Victoire ! Je ne comprends pas pourquoi personne n’a pensé à me féliciter d’en être arrivée jusque là.
- 22 novembre : Sous la douche, je réalise soudainement que je ne vois plus mes pieds…
- 23 novembre : Après m’être fait taper dessus/dedans sans interruption pendant CINQ heures d’affilées, d’un coup, c’est le calme plat. J’envisage de lancer un avis de recherche.
- 29 novembre : 4 h 49 du matin, quelqu’un toque. À l’intérieur de moi. Pendant plus d’une heure, je sens clairement une bosse bouger de gauche à droite de mon ventre. J’ai l’impression qu’iel fait des roulades, voir même un ou deux salto arrière ! Je ne me rendors pas de la nuit, mais ça n’empêche pas un sourire niais de barrer mon visage toute la matinée. (Il s’en va dans l’après-midi, quand la fatigue me rattrape).
- 31 novembre : Soirée entre amis. Avec une copine enceinte, on s’enfile 2 bouteilles de Champomy, quelle fête !
- 1 décembre : Pour donner une idée à l’amoureux de ce qui se passe dans mon ventre, je décide pendant une journée de lui envoyer un message à chaque mouvement de l’intérieur. Je suis parti sur 3 niveaux de coups : le peut-être (celui si léger que je ne suis pas sûre, c’était peut être mon ventre), le petit coup, et le GROS COUP (celui qui surprend vraiment). À la fin de la journée, je fais les comptes : 16 peut-être, 121 petits coups et 23 GROS COUPS.
- 2 décembre : La grossesse est un monde de découverte sans fin. Aujourd’hui, j’apprends deux nouveaux termes : chancelière et décollement des membranes (comme sur un poisson oui oui).
- 4 décembre : On a imprimé la deuxième échographie pour l’afficher fièrement sur le frigo. Oui tout à fait, nous sommes déjà ce genre de parents là.
- 6 décembre : Les préparatifs avancent à grands pas : comme la tradition le veut, le futur papa repeint la chambre pendant que je… développe et code un site pour partager des photos du futur bébé avec ma famille.
- 9 décembre : On me laisse une place assise même avec ma doudoune fermée. Merde, ça devient sérieux là.
- 18 décembre : Je mets 10 minutes à m’extirper du canapé (il faut déjà pivoter sur le côté, si possible quand l’enfant n’est pas en train de faire la roue), autant de temps pour me mouvoir jusqu’à la chambre, encore 10 autres minutes pour réussir à me déshabiller et à enfiler mon pyjama, sans compter les 20 minutes d’enrobage de crème anti-vergeture (il faut dire qu’il y a maintenant des kilomètres de ventre à masser). J’ai très peur des 3 mois restants. Ainsi que des 50 prochaines années de ma vie, si la vieillesse ça ressemble à ça…
- 19 décembre : Week-end en famille. Je lutte pour arriver à aller me coucher après mes grands-parents, parce que quand même, j’ai une fierté !
- 22 décembre : Comme chaque année, je fais un tour sur Asos pour me choisir une robe ras-les-fesses pour le Nouvel An (oui, on peut être féministe et aimer porter des tenues indécentes). Je déchante assez vite en étudiant la catégorie Robe de soirées Maternité : visiblement, une future maman se doit d’être classe et distinguée, et ne doit surtout pas montrer ses jambes, ni même ses chevilles.
- 24 décembre : Je revois des gens que je n’avais pas vu depuis longtemps. Souvent, ça donne (fixe mon visage) « Heeey, ça fait longtemps » (fixe mon ventre) « Oulaaaa » (fixe mes seins) « …. ».
- 27 décembre : Depuis plusieurs nuits, je suis extrêmement en colère, notamment entre 5 et 7 heures et j’ai mes raisons : je ne dors pas, et ça m’énerve ; j’ai faim et ça m’énerve ; mon amoureux dort et ça m’énerve ; j’ai sommeil et ça m’énerve ; j’ai envie de faire pipi et ça m’énerve ; j’ai sommeil et ça m’énerve ; j’ai vraiment envie de faire pipi et ça m’énerve ; mais le pire, c’est encore que je suis énervée et ça, c’est super énervant.
- 1er janvier : Il est 10h, et je viens de me réveiller ! Une nouvelle année nous attend et je suis prête à la croquer à pleine dents ! Mais pas tout de suite, car là, je viens de me redresser dans le lit, et je suis un peu essouflée…
- 2 janvier : Mais comment faisaient nos mères et nos grands-mères pour filmer leur ventre qui bouge sans téléphone portable ?!
- 3 janvier : Le gros avantage de faire des enfants, c’est qu’on revoit toute l’organisation de l’appartement pour accueillir une personne en plus. J’ai ainsi donc retrouvé 3 fiches de paie mais surtout mon permis de conduire que je n’arrivais plus à localiser depuis 2 ans !
- 7 janvier : La sage-femme m’a aidé à me relever de la table après l’examen mensuel. Qu’elle soit bénie, j’y serais encore sinon.
- 8 janvier : Un collègue sait trouver les mots qui font plaisir : “Hey bah tu tiens bien, je ne pensais pas te voir encore !”
- 10 janvier : On m’annonce que vu la forme de mon ventre, c’est un p’tit mec, c’est sûr !
- 11 janvier : C’est évident que j’attends une fille, vu comme je porte ce bébé, me dit-on aujourd’hui.
- 12 janvier : Je ne tiens pas debout jusqu’à minuit, je ne serai donc pas la première à fêter un bon anniversaire à l’amoureux qui passe la barre fatidique des 30 ans.
- 14 janvier : Je me sens ingrate de refuser les gâteaux que m’a proposé la gentille dame du métro après que je me sois évanouie sur elle (faut dire que j’étais assise, ça m’a fatiguée). Mais pour ma défense, j’avais dit oui AVANT de réaliser qu’il s’agissait de pim’s orange. Sérieusement quoi. Des pim’s orange…
- 15 janvier : Quand soudain, je réalise que les gens disent de manière naturelle et spontanée à mon amoureux qu’il fera un bon père mais que PERSONNE ne m’a déjà dit que je ferai une bonne mère !
La suite (mais pas vraiment la fin) au prochain épisode !
Ouah géniale cette rétrospective !! Super drôle et vraie! Comment as tu fait pour retracer aussi bien ton ressenti? J’adore ce récit style Bridget Jones! Et j’ai hâte de lire la suite. Tous les hommes devraient lire ton texte!
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Pour tout te dire, c’est parti du fait qu’à l’époque, j’étais accro à Twitter 🙈 Mais comme je ne pouvais rien dire « publiquement », j’ai décidé de prendre des notes sur mon téléphone à la place. Et puis j’ai continué et j’ai réussi à tenir jusqu’au bout !
Je regrette vraiment de ne pas avoir fait la même chose aux premiers mois de vie du Lardon ! On s’habitue tellement vite aux changements que je ne me souviens plus vraiment de mon état d’esprit du moment, mais je suis sûre que ça aurait été drôle aussi !
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Génial! En tout cas c’est super bien écrit!!
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Merci, c’est un compliment qui me fait chaud au cœur 🙂
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Oh, j’adore c’est trop drôle !
Niveau bidon, j’arrive actuellement au même niveau que toi, mais je vais commencer le 8ème mois !!! Ça commence à tirer alors je n’ose même pas imaginer ton dernier trimestre !
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Ah non mais bidon j’avais tiré le gros lot ! J’étais enceinte en même temps qu’une copine mais nos ventres (et notre état de fatigue) n’avait rien à voir ! Pendant que je tombais dans les pommes assise, elle passait ses journées à courir à droite à gauche sans paraître fatiguée !
Et il paraît que pour le deuxième, c’est encore pire 😱😱😱
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Bah étonnamment, je dormais 16h par jours pour ma fille. Et pour cette grossesse je suis quand même moins fatigué. Mais je cours pas à droite à gauche non plus ( mais ça c’est peut être à cause de ma fille qui me pompe toute mon énergie !!!) 😁
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J’adore ton « journal de grossesse », il faudra que je pense à faire la même chose pour le troisième !
Quand je vois ton ventre sur les photos… je me dis qu’on est vraiment toutes différentes ! Moi, au début du troisième trimestre, suivant mes tenues, les gens qui ne me connaissaient pas hésitaient encore à me demander si j’étais enceinte de peur de se tromper…
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Ce que je trouve le plus drôle dans ce journal, c’est la candeur que j’avais, puisque c’était notre premier enfant. Afficher une échographie sur le frigo par exemple, je ne penserais même pas à le noter aujourd’hui… Mais à l’époque, c’était un geste fou pour nous, la première trace concrète qu’un enfant allait s’installer dans notre appartement d’adultes !
Tu n’es pas la première à me dire que j’ai un ventre énorme (bon, okay, tu ne l’as pas dit, mais je t’ai entendu le penser 😆) et ça me rassure un peu car à l’époque, je vivais assez mal d’être aussi peu en forme mais bon, y avait de quoi non ?! (Bon, même si en vérité, je ne crois pas que la taille du ventre soit le seul paramètre qui influe sur la fatigue que l’on peut ressentir…)
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Je ris toujours autant face au récit de ta grossesse ! Tu avais tenu un « journal de bord » ou tu as légèrement romancé le tout pour notre plus grand plaisir ?
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Oui, j’avais tout noté au fur et à mesure ! Et je n’ai même pas eu besoin de romancer tellement tout me paraissait nouveau, drôle ou surprenant !
J’avais ensuite un peu continué à la naissance du Lardon, mais je n’ai pas réussi à tenir le rythme. C’est fort dommage car on ne se rend compte de la valeur de ce que l’on pense sur le moment seulement quelques années plus tard, quand ça paraît si loin justement !
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