Cette semaine, j’avais très envie de parler d’actualité puisque demain, comme chacun le sait, c’est demain la Journée internationale des droits des femmes.

Mais sous quelle manière aborder cette journée ? L’année dernière, j’avais parlé de la place des homme dans la parentalité, un domaine encore trop souvent réservé aux femmes. Cette année, je n’ai trouvé l’inspiration qu’au dernier moment, quand j’ai appris que les prochains carnets de santé (à compter du 1er avril 2018) allaient comporter de nouvelles courbes de croissance de référence françaises. Et puis comme ça on reste dans le thème de la prise de poids de mes 3 derniers articles 😂.

Dans nos carnets de santés

Aujourd’hui, les courbes que nos enfants ont dans leur carnet de santé (et celles que nous avions dans le notre !) sont de vieilles courbes établies à partir de mesures faites sur une centaine d’enfants nés dans les années 50 (plus vieux que mes parents donc !) et suivi jusqu’à l’âge adultes. Clairement, elles ne sont pas adaptées à un suivi optimal pour des enfants nés à notre époque… Il est aussi intéressant de noter que celles proposées par l’OMS ne sont pas plus adaptées (pourtant, je sais qu’elles sont parfois recommandées pour des bébés allaités qui ne se retrouvent pas dans les courbes françaises).

Des courbes mieux construites

Or, à compter du 1er avril 2018, les bébés auront le droit à un carnet de santé avec de toutes nouvelles courbes faites à partir de données bien plus adaptées : des chercheurs se sont organisés avec des pédiatres et médecins pour récolter pas loin de 5 000 000 de mesures de poids, de taille ou de périmètres crâniens provenant de 261 000 enfants âgés de 0 à 18 ans.

Des courbes mieux pensées

Ces nouvelles courbes apportent un certain lot de nouveautés :

• La surveillance du poids ne se fait plus seulement via la courbe de poids mais via une courbe de corpulence (de l’IMC).
• Avant de 2 ans, la surveillance de la corpulence est adapté pour prendre en compte le pic de corpulence autour de neuf mois.
• L’interprétation des mesures de tailles prennent en compte la taille des parents.
• Une courbe est dédiée à la surveillance néonatale de 0 à 1 mois.

Vous pouvez retrouver la liste complète sur le site de l’Inserm.

Courbe de surveillance de taille et de poids des filles de 1 an à 18 ans

Courbe de surveillance de corpulence des garçons de 1 mois à 18 ans

Pourquoi c’est une bonne nouvelle (j’espère)

Le rapport avec la Journée Internationale de lutte des femmes me direz-vous ? Et bien, je me suis peut-être emportée mais j’ai bon espoir que ce petit changement change en fait beaucoup de choses !

Ces nouvelles courbes sont plus précises, et les valeurs de références changent pas mal : par exemple, à 10 ans, la médiane de la taille des filles des nouvelles références est de 139,5 cm contre 134,7 cm avant (presque 5cm de différence). Sans compter deux autres détails qui changent tout : la taille des parents est maintenant prise en compte et le poids n’est plus le seul critère de surveillance, puisqu’on calcule maintenant l’IMC.

Alors à une heure où les enfants, et plus particulièrement les petites filles, sont de plus en plus tôt mal dans leur corps, j’espère que ces changements permettront de réduire de laisser les enfants grandir (et grossir) plus librement. Car les études l’ont montré : plus on parle tôt de surpoids et de restriction alimentaire à un enfant, plus on a de chances de causer des troubles alimentaires qu’on voulait justement éviter… Et j’ai déjà entendu des médecins parler de régime pour des bébés de moins d’un an 😪. Ces nouvelles courbes vont peut-être changer la vie de beaucoup de petites filles qui n’entendront pas à l’âge de 9 mois, 3 ans ou 7 ans qu’elles sont « un peu trop grosses »…

Et puis, j’ai un autre espoir, c’est que ces nouvelles courbes, en particulier la courbe néo-natale, soient plus adaptées aux enfants allaités pour ainsi enlever l’énorme pression qui pèse sur les mères allaitantes : « Votre enfant n’est pas assez gros, votre lait n’est pas assez bon ». Mais sur ce point, c’est un souhait un peu bisounours, puisque je n’ai rien lu en ce sens…

Bon, et accessoirement, je suis aussi contente de ces changements car j’adore les chiffres alors je vais évidemment m’empresser d’imprimer ces nouvelles courbes pour y reporter la taille et le poids de mon fils 😄 !

Edit du 18 octobre 2018 : ces nouvelles pages du carnet de santé apportent aussi des aspects très problématiques : chez les filles de 1 à 18 ans, le carnet de santé indique maintenant que « Au moins une fois par an, l’enfant sera mesurée et pesée déshabillée, et le suivi pubertaire sera assuré par une inspection des organes génitaux externes ». Renée Gresard (l’autrice du très déculpabilisant Enceinte, tout est possible) a écrit pour le Nouvel Obs : Santé : faut-il vraiment regarder dans les culottes des enfants tous les ans ?. Dans cet article, elle explique très bien en quoi cette mention est problématique : elle laisser penser à un examen obligatoire (alors qu’il ne l’est pas, et d’ailleurs très peu utile d’un point de vue médical), et elle contribue au problème (toujours actuel) de consentement et de droit à l’information auprès des patients, même enfants. Marie-Hélène Lahaye s’explique aussi sur son blog.