Mon titre est un peu mensonger : en vérité, à la maison, nous ne sommes pas encore dans la période du Pourquoi, mais bel et bien dans la période du « C’est quoiiiiii ? » : on entend cette question environ 100 fois par jour, à peu près tous les 3 mots.
Pour illustrer mon propos, voici une scène de vie classique à la maison : nous sommes à table tous les trois, et je discute avec le BienJoliPapa (anciennement connu sous le nom de BienJoliChéri). Ça donne ça par exemple :
– Pfiou, il fait chaud, souffle le BienJoliPapa.
– C’est quoi chaud ?, demande le Lardon.
– C’est quand la température est très haute, je réponds.
– C’est quoi la température ? (évidemment…)
– C’est une unité de mesure de la chaleur, j’essaye d’expliquer.
– Mais non, c’est pas une unité, me corrige le BienJoliPapa.
– Ah mais oui, je dis n’importe quoi. Alors, euh, c’est plutôt une mesure de la chaleur.
– C’est quoi la chaleur ?
– Ben c’est quand il fait chaud.
– C’est quoi chaud ?
On a là l’essence même de la période du pourquoi :
- Des questions pas si difficiles (évidemment que je sais ce que c’est de la température) mais qu’on a du mal à expliquer parce que… désolé hein, j’étais entre les haricots et le fromage là, j’avais pas anticipé des questions de physique !
- Des questions non-stop, parce que la curiosité de savoir est à son comble.
Où l’on cherche à sortir de la boucle de questions
Je me suis alors souvenue d’un conseil que j’avais entendu il y a longtemps : répondre à la question par une autre question : « Tu en penses quoi ? » ou « À ton avis ? ».
Testé et approuvé depuis quelques jours, je confirme que c’est génial puisque :
Je ne suis plus tentée de faire un exposé
Ça m’a rappelé des passages de Les Apprentissages autonomes, de John Holt, un de ces livres « révélation » dont je vous avais déjà parlé à l’époque de l’explosion du langage. Dans le premier chapitre, Ce que peuvent faire (ou ne pas faire) les parents, il met en garde contre l’envie de faire un cours de 4h à chaque fois que notre enfant manifeste un intérêt pour quelque chose :
Non seulement la leçon non sollicitée ne conduit pas à un apprentissage, mais – et ça a été difficile pour moi à comprendre – pour l’essentiel un tel enseignement empêche l’apprentissage. Et ça, c’est une vraie catastrophe : d’un enseignement qui n’a pas été sollicité ne résultera pas un apprentissage, mais en découlera au contraire un obstacle à l’apprentissage.
Plus loin, John Holt explique ce qui paraît de bon sens : un apprentissage fait par soi même est bien plus pérenne qu’une leçon qu’un professeur essaye de nous apprendre.
On se souvient mieux de ce qu’on arrive à comprendre tout seul. Et, à chaque fois qu’on comprend quelque chose tout seul, on prend confiance dans sa capacité à comprendre les choses tout seul.
👉 Les apprentissages autonomes de John Holt (et si vous avez encore besoin d’être convaincu qu’il faut lire ce livre fascinant, le premier chapitre est disponible gratuitement sur le blog de l’éditeur)
C’est lui qui réfléchit
Car bien souvent, la réponse à sa question, le Lardon la connaît déjà (ou en a au moins une vague idée). En lui retournant la question, je lui permets donc de valider les apprentissages qu’il a faits seul, par ses expériences.
– Oh, regarde, on voit la mer ! je commente au Lardon, en lui montrant une photo.
– C’est quoi la mer ? demande-t-il, é-vi-dem-ment.
– La mer ? Et bien, qu’est-ce que c’est selon toi ?
– La mer, euh, c’est les petits poissons, et les gros poissons.
– Oui, c’est ça, c’est l’endroit où vivent les petits et les gros poissons.
Je peux adapter mon discours à ce qu’il sait
En lui demandant sa version des choses, je comprends ce qu’il sait déjà, et je peux moduler la réponse. Ainsi, le plus souvent, je me contente de reprendre ce qu’il m’a dit, en rajoutant éventuellement un petit détail.
Et chez vous, la phase du « C’est quoiiii ? » a duré longtemps ? Y-a-t-il eu un peu de répit avant le « Pourquoiiii ? » (que je sens arriver à toute vitesse) ?
Je crois qu’à la maison (notre ainé aura 3 ans en septembre), nous sommes en train de glisser doucement de la phase du « c’est quoi » à celle du « pourquoi », sans transition. J’utilise la même méthode que toi… quand j’y pense car ce n’est pas encore un automatisme, mais je trouve aussi que c’est une super solution pour ne pas devenir fou !
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J’avoue que parfois j’essaie de répondre sérieusement, juste pour voir si je sais (et souvent je me rend compte de mon inculture du coup !)
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