À chaque visite à la bibliothèque, j’emprunte généralement une dizaine de livres pour le Lardon. Je les choisis souvent au hasard des couvertures, parfois sans même les feuilleter. À la maison alors, je prends le temps de les découvrir un peu plus longuement, avant de les proposer au Lardon. Au final, sur dix livres que nous empruntons, souvent seulement un ou deux trouvent grâce à ses yeux, et les autres sont complètement ignorés.
Ma cabane de feuilles
Le mois dernier, c’est sans aucun doute ce petit livre qui a conquis nos cœurs :
Je dis « nos » cœurs car c’était assez clair pour le Lardon : il me l’a réclamé en boucle, et m’en parlait même le soir avant d’aller se coucher.
Quand à moi, je suis tombée amoureuse de chaque aspect de cette histoire : des illustrations toutes douces ; du texte qui est d’une simplicité et d’une efficacité toute japonaise (si vous n’avez jamais lu de littérature japonaise, je vous recommande Sommeil de Haruki Murakami, c’est complètement hors du temps, fascinant et envoutant, mais pardon, je m’égare).
Dans Ma cabane de feuilles, on suit l’histoire d’Aya qui s’abrite sous les feuilles pendant l’orage et qui invite des animaux à la rejoindre : une mante religieuse, un papillon blanc, une coccinelle, un scarabée ou encore une fourmi. Sur chaque page, les détails sont si fins qu’on s’y croit vraiment. J’aime particulièrement la page où la pluie s’arrête, j’y retrouve le même apaisement que dans la vraie vie !
En bref, une belle histoire de partage, en communion avec la nature mais surtout un véritable coup de cœur.
J’ai rendu le livre la bibliothèque sans penser à le prendre en photo mais si vous voulez en voir un peu plus, Un blog au naturel et Le pays des merveilles en parlent très bien sur leurs blogs respectifs.
👉 Ma cabane de feuilles, de Akiko Hayashi et Kiyoshi Soya
Mon poussin
Et puis, la mois suivant, totalement par hasard, j’ai pris ce petit livre à la couverture bleue.
Encore une fois, le Lardon et moi sommes immédiatement tombés amoureux. On retrouve les mêmes clés du succès : des illustrations pleines de douceurs et une histoire toute simple et toute belle. J’ai alors vérifié le nom des auteurs et… sans surprise, il s’agit du même couple d’auteurs.
Dans Mon poussin, Akiko Hayashi et Kiyoshi Soya racontent l’histoire d’un petit poussin qui s’est perdu et qui s’endort tout seul dehors dans la nuit. Décrit comme ça, ça paraît presque triste mais c’est loin d’être le cas : dans l’histoire, la maman Poule est très présente : c’est elle qui prête sa voix à l’histoire (« Où vas-tu mon poussin ? »), et elle n’est jamais vraiment loin puisqu’en pleine nuit, elle vient le retrouver (pour le plus grand plaisir du Lardon qui s’esclaffe avec bonheur à chaque fois « OOooooh, la grosse pouuuule ! »).
Là aussi, les illustrations sont toutes douces, et toutes en dégradés. Les couleurs du coucher (et du lever) du soleil sont magnifiques et en font un très beau livre à lire avant d’aller au lit.
👉 Mon poussin, de Akiko Hayashi et Kiyoshi Soya
Où les livres sont vivants
En lisant ce livre, un terme que j’entend souvent m’est revenu en tête : les living books. Quand on s’intéresse aux pédagogies alternatives, on retombe souvent sur cette appellation, inventée par Charlotte Mason (et parfois traduite en français par « livre vivant ») qui désigne des livres qui sont « beaux et bien écrits ». (Rien que ça.). Pour en expliquer le concept, je me permets de reprendre les mots de Laura Laffon, qui est la spécialiste française de la pédagogie Mason :
Les livres vivants enseignent sur la vie, les valeurs morales et le dépassement de soi. La plupart du temps ils apportent des connaissances d’une manière engagée et amusante.
Écrits par un auteur passionné par le sujet, ils ont une « âme ».
Peu importe la longueur de l’ouvrage, pourvu qu’il transpire la passion pour le thème abordé : l’idée est de nourrir intellectuellement l’enfant par des lectures inspirantes, qui vont l’aider à construire ses valeurs et l’amener à s’élever.
Toujours selon Laura, un livre peut être considéré comme livre vivant s’il remplit les critères suivants :
- Sa plume est d’excellente qualité.
- Il contient des connaissances appropriées aux enfants.
- Sa lecture apporte au lecteur cette petite étincelle de plaisir et d’imaginaire.
- L’ouvrage a un impact positif sur l’esprit.
Et bien, je crois que ces deux livres remplissent toutes ces conditions et qu’ils mériteraient tout à fait leur place sur la liste de Living Books en français de Laura !
Et, s’il fallait une preuve supplémentaire que ces livres ont une âme, l’histoire que j’ai découverte derrière Mon poussin et Ma cabane de feuille nous le montre : pour que ces deux albums vivent, l’autrice Akiko Hayashi a repris le dessin après dix-huit ans d’arrêt (😭), suite à la mort de son mari, Kiyoshi Soya (😭😭). De lui, je n’ai trouvé que quelques mots, qu’il a écrits pendant son combat contre la maladie :
Traverser les épreuves, surmonter les peurs, survivre aux chagrins : les livres pour les enfants servent aussi à cela. À ceux qui les lisent, mais aussi, à l’occasion, à ceux qui les font.
Je ne connaissais pas le concept, mais c’est exactement ce que je recherche dans la littérature jeunesse. Et ce n’est pas si simple à trouver !! Et visiblement, les Japonais sont doués pour ça 🙂
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Oui, je pense qu’instinctivement, on recherche tous ce genre de livres ! Et qu’on tombe tous parfois sur des livres *vraiment* mal écrits, donc c’est chouette d’avoir une grille de lecture qui peut nous aider à identifier les « bons » livres, même si c’est un peu subjectif. Par contre, je me demande s’il y a des familles qui fonctionnent exclusivement avec des « living books » ? On peut difficilement dire que les imagiers éveillent une petite étincelle mais pourtant, ils sont indispensables à certains moments du développement de l’enfant.
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Ma fille m’a fait lire « mon poussin » en boucle pendant de nombreuses semaines😂
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Ah c’est drôle, un peu près au même moment un livre est venu côvoquer chez nous aussi cette étiquette de « living book ». J’ai souvent l’impression qu’il y a des choses qui sont dans l’air…
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J’ai vu ton article oui, ça m’a fait sourire aussi quand j’ai réalisé la coincidence ! D’ailleurs, je crois que c’est Elizabeth Gilbert qui parle des idées qui naviguent d’une personne à l’autre dans l’air, peut-être à t’elle raison !
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Merci beaucoup pour ce partage, entre Mason et le Japon… Nous sommes en plein dedans !
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Nous avons encore ré-emprunté ces deux livres là à la bibliothèque, et on ne s’en lasse toujours pas ! Bonne lecture !
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Merci pour ces recommandations. Nous étions tombé par hasard sur « mon poussin » a la bibliothèque, et mon fils a vraiment accroché, me l’a fait lire de nombreuses fois. Alors en tombant sur cet article je me suis empressée de réserver a la bibli « ma cabane de feuilles ». Je l’avais oublié jusqu’à ce que l’exemplaire soit enfin disponible, et c’est une très belle découverte. Encore une fois mon fils apprécie les dessins et l’histoire tendre, on le lis et le relis 🙂 . Testé et approuvé donc !
(Pour rebondir également sur le dernier article, je trouve aussi très chouette le livre « nous sommes là » que nous avons reçu en cadeau a Noël. Mais pour l’instant mon 2 ans 1/2 n’accroche pas trop… Je le ressort de temps en temps quand même pour guetter le moment où ça lui parlera)
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J’ai lu « La cabane de feuilles » avec ma petite, mais pas (encore) intéressée. Par contre, on a découvert un livre génial : « La pomme rouge » de Kazuo Iwamura. Et j’ai compris grâce à lui ce qu’est un « living book » 🙂 Il est en lecture constante en ce moment. Outre que les dessins sont magnifiques, très doux avec un souci du détail pour les animaux, l’histoire de partage, de rencontre et la fin- qui amorce un nouveau cycle- en font une lecture très riche et nourrissante.
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Merci du titre, je vais voir si je le trouve lors de notre prochaine visite à la bibliothèque !
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J’aime ces livres qui font un déclic et pour lesquels on est catégorique : c’est un livre vivant !
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