J’ai écouté en ce début de semaine un épisode d’Un podcast à soi : Les femmes sont-elles des hommes comme les autres ? Féminin / Masculin : mythes et idéologies de la préhistoire aux jouets.
« On ne naît pas femme, on le devient » …
« Oui, d’accord Simone, mais il ne faut pas être extrémiste, les hormones sont importantes, non ? Les femmes ont moins de muscles. Et surtout, elles mettent les enfants au monde. Et puis, à la Préhistoire, elles restaient dans la grotte avec les petits. Les femmes et les hommes sont différents ».
Dans ce podcast, Charlotte Bienaimé revient sur ces phrases que l’on entend souvent et auxquelles il n’est pas toujours facile de répondre. Elle explique d’ailleurs qu’elle a eu l’idée de traiter ce sujet, quand sa mère lui a dit « Oui enfin… tu as beau dire, ton fils joue quand même beaucoup plus aux voitures qu’une petite fille. » et qu’elle n’a pas su quoi répondre. L’anecdote m’a beaucoup parlé car elle m’est arrivée à de nombreuses reprises, étant moi aussi maman d’un petit garçon passionné de voitures !
Cet épisode d’Un podcast à soi tente donc de déconstruire les mythes historiques et scientifiques profondément ancrés en nous, qui alimentent les stéréotypes de genre. Je ne vais pas vous résumer exhaustivement une heure de discussions mais juste aborder quelques moments particulièrement évocateurs pour moi, et qui m’aideront à trouver des arguments la prochaine fois que j’aurais ce genre de conversations !
Les stéréotypes dès l’enfance
Le podcast commence par des interviews des salariées d’une crèche qui suivent une formation Filles et garçons sur le chemin de l’égalité de l’association Artemisia) (vers 9:45). J’ai trouvé ces extraits hyper réalistes car très proches de mon chemin personnel. D’abord le déni : « Quand on m’a parlé de la formation, je trouvais que ça ne servait à rien, je fais pareil avec les filles et les garçons… » et puis, en avançant dans la formation, les employées se rendent compte que, effectivement, sans le faire exprès, on note une multitude de petites différences dans le traitement entre les garçons et les filles, que ce soit pendant les moments d’accueil (une tendance à commenter plutôt les tenues des petites filles que des petits garçons), sur les jouets proposés, ou encore la manière de s’adresser aux enfants (les petites filles sont plus facilement surnommées que les petits garçons). Beaucoup des exemples discutés m’ont parlé, parce que moi-même j’ai intégré beaucoup de ces schémas sexistes, et qu’il est difficile de s’en défaire si on ne les pointe pas du doigt d’abord !
À propos de l’instinct maternel
Charlotte Bienaimé aborde la question d’instinct maternel (vers 34:25) : est-ce que l’instinct maternel existe ? Pour répondre à cette question, elle interviewe Clémentine Vignal, chercheuse sur sur la différence entre les sexes, qui mentionne par exemple cette étude, où l’on demande à des parents de reconnaître les pleurs de leur bébé parmi plusieurs enfants. La première analyse des résultats a montré que les mamans étaient beaucoup plus fortes que les papas à reconnaître leur enfant : « Haha ! Voilà une preuve scientifique irréfutable que l’instinct maternel existe ! » Hum, vraiment ? Quand l’étude a été poussée un peu plus loin, les scientifiques se sont rendus compte que les parents les plus aptes à reconnaître les pleurs de leurs enfants étaient… ceux qui avaient passé le plus de temps avec le bébé. Ainsi donc, on développe son instinct en passant du temps avec l’enfant, pas parce qu’on a une paire d’ovaires ! Voilà qui est rafraichissant comme conclusion 🙂
Les femmes sont-elles des hommes comme les autres ?
Et puis, la remarque d’une employée de crèche a raisonné en moi. Elle constate qu’on a toujours tendance à comparer « par rapport aux hommes, comme si c’était le neutre. » Ainsi, on a tendance à dire par exemple que « Les femmes sont plus sensibles. » plutôt que « On n’apprend pas assez aux hommes l’empathie, ni à montrer ses sentiments. » Je ne m’étais encore jamais rendue compte à quel point c’était vrai !
La comparaison biologique entre hommes et femmes est d’ailleurs abordée aussi plus tard dans le podcast, par des chercheuses : les différences entre les hommes et les femmes existent, mais c’est nous qui y ajoutons une dimension d’interprétation, et en défaveur des femmes évidemment.
C’est d’autant plus frappant que dès le plus jeune âge, quand les différences physiologiques sont très faibles, les récits de discriminations sont déjà très fréquents, comme le racontent de manière très rafraîchissante des élèves de primaire et collège.
Pour aller plus loin
Bref, voilà donc un podcast passionnant (que je pourrais commenter encore plus longuement, mais à un moment donné, il faut savoir arrêter les bonnes choses), et à cause de qui je rajoute deux livres ma pile à lire, oups !
- Tu seras un homme – féministe – mon fils ! – Manuel d’éducation antisexiste pour des garçons libres et heureux, de Aurélia Blanc
- Du côté des petites filles, de Eléna Gianini Belotti dont j’avais entendu parler sur le Club de Lectures Féministes Antigone, sur le thème des stéréotypes de genre et transmission.
Un sujet intéressant !
Les différences existent et elles sont richesse…uniquement si elles ne servent pas de base au sexisme et n’entrainement pas de traitement différent (ou d’assignation lourdingue)
Je ne suis pas très podcast j’essayerai de faire un effort, mais merci pour le résumé 🙂
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Merci pour ton commentaire, tu résumes bien les choses 🙂
J’avoue que je devrais renommer mon blog en « Chut maman écoute » ! Depuis que j’ai déménagé, j’ai beaucoup plus de facilité à écouter un podcast qu’à lire (mon trajet comporte maintenant un peu de voiture + un changement de moyen de transport : impossible donc de lire).
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Tiens, j’ai une question un peu plus « pratique »: comment le message, ou ne serait-ce que le titre du livre « Tu seras un homme-féministe- mon fils », passe-t-il auprès du papa?
A la maison, on a une petite fille et même si son papa est sensible à l’aspect égalité/équité entre entre les sexes, dès que le mot féminisme entre en jeu, j’ai le sentiment qu’il se sent agressé. C’est comme si un rapport de force apparaissait, peut-être une peur de jugement, la vieille image de la féministe castratrice ou quelque chose du genre. Alors, avec un garçon, je me demande ce qu’il en penserait ^^
Je rêve du jour où on laissera juste la place à des humains, si riches de leur différence à tous et peu importe leur sexe ou genre. En tout cas, en devenant maman, je peux dire que ça cogite dans ma tête ces aspects-là !
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C’est une très bonne question qui m’a valu bien des discussions !
Déjà, je comprends totalement le fait qu’on puisse se sentir agressé(e) : la première fois qu’on m’a appelé « féministe » (j’étais étudiante en informatique et je demandais à un homme d’arrêter de commencer ses phrases par « Les gars » parce que j’étais là aussi), j’ai pris ça comme une insulte. « Non mais je suis pas féministe, je suis pas aussi extrême, juste ça me saoule que tu fasses comme si seulement des hommes étaient là. » C’est une amie qui m’a dit « Mais tu sais, féministe n’est pas une insulte » et j’en suis… tombée des nues. Ah bon ?? Mais pourtant… ?
Bref, des années plus tard, je me suis documentée sur la question et je n’hésite pas à le revendiquer ! Mais tout le monde n’a pas accompli le même chemin… Pour certains hommes, féministe est un mot trop fort, il faudrait dire « égalitaire » ou »humaniste ». Mon point de vue sur la question, c’est que ça serait nier les problèmes spécifiques liés au genre et au sexe. Selon moi, c’est en employant les mots exacts que l’on peut lutter contre une cause. J’aime bien l’article de Crêpe Georgette sur le sujet : http://www.crepegeorgette.com/2014/08/06/humanisme-feminisme/
D’un autre côté, certaines féministes considèrent qu’un homme ne devrait de toute façon pas se dire féministe car il n’est pas concerné par cette discrimination. Il devrait se dire « allié » ou « pro-féministe ». Personnellement, je n’ai pas d’avis tranché sur la question. Mon amoureux sait que féministe n’est pas une insulte mais je ne sais pas comment lui-même se considère d’ailleurs, je lui demanderais ! Quand à mon fils, je ne sais pas s’il se dira féministe un jour (peut être choisira-t-il d’autres combats ? Peut être s’en foutra-t-il ?), mais clairement, j’espère qu’il comprendra que ce mot n’est pas négatif et qu’on peut en être fière 🙂
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J’ai lu la deuxième reference qui m’a fait beaucoup réfléchir, même en tant que « maman de garçons », mais je note la première reference qui m’intéresse aussi énormément 😉
J’avoue que c’est une de mes grandes questions d’éducation.
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Parfois, je me demande ce qui est une plus grande responsabilité : être une maman d’un garçon ou être une maman de fille ? Je n’arrive pas à me faire un avis sur la question !
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Hello,
Je trouve que votre article est très intéressant. Je pense que ce qu’a dit l’employée de crèche est bien vrai. Ça me plairait de lire les livres que vous citez en fin d’article.
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