Mon fils de trois ans me tape – partie 1

Aujourd’hui, j’ai envie de partager une tranche de vie, une histoire qui date de plusieurs mois. J’ai longtemps hésité à publier cet article (il ne met ni la personnalité de notre fils ni nos qualité de parents en valeur) mais un commentaire dans mon article des « retrouvailles » m’a convaincu qu’ils pouvaient intéresser d’autres familles.

Alors voilà la situation :

Notre fils de trois ans nous tape. Quelques semaines après la naissance du Bourgeon, le Lardon a commencé à parfois des gestes violents envers nous : il nous tapait avec ses mains ou bien nous fonçait dessus avec son porteur. Parfois, nous arrivions à comprendre ce qui a amené sa réaction (quand je ne peux pas l’accueillir sur les genoux car j’allaite ou quand son père et moi sommes tous les deux occupés à quelque chose et ne nous occupons donc pas de lui) même si je ne l’approuve pas. Mais d’autres fois, ses gestes semblaient « sortir de nulle part » (par exemple pendant un jeu ou un moment de partage). Dans ces moments là, et pour la première fois depuis trois ans, j’ai eu énormément de mal à rester bienveillante. La douleur et l’incompréhension font que j’ai souvent eu envie de l’éclater contre le mur lui faire mal moi aussi. La scène se répétant plusieurs fois par jour, régulièrement chaque semaine, le climat familial est devenu de plus en plus électrique, ni l’amoureux ni moi n’arrivant à prendre le relai et à rester calme face à ces agissements. Comment faire pour apaiser notre fils ?

Cette phase aura duré pas loin de deux mois et aura été épuisante pour nous tous (sauf peut-être le Bourgeon, qui vit le plus souvent sa vie comme un bienheureux). Maintenant que c’est dernière nous, je ressent le besoin de mettre par écrit les choses qui m’ont aidé pour en garder trace.

Pendant cette période difficile et intense (des cris ont été poussés, des enfants bousculés, des murs tapés et j’en passe), où nous en arrivions à ne plus avoir envie de voir notre fils et où,  à plusieurs reprises, j’ai eu peur de mes réactions toujours plus violentes ; j’ai fini par chercher de l’aide : auprès des livres évidemment. Je n’avais pas l’espace mental disponible pour relire des livres en entier, alors je me suis concentrée sur ceux qui m’ont le plus bouleversé dans le passé, et uniquement sur les chapitres qui pouvaient m’intéresser.

Cet article ne contiendra aucune recette miracle pour répondre à ce genre de problème, juste un partage de processus de pensée.

Comprendre mon fils

parents-bienveillantsJ’ai d’abord commencé par ré-ouvrir Parents bienveillants enfants éveillés, de Laurence Dudek. Laurence Dudek est psychopédagogue (étude des méthodes d’apprentissages et d’éducation) et psychothérapeute (aide aux troubles du comportements). Cette double compétence lui a permis de développer dans son ouvrage Parents bienveillants, enfants éveillés des clés pour comprendre les enfants et les accompagner dans leurs apprentissages tout en respectant leurs besoins. C’est un livre qui m’avait beaucoup marqué lors de ma première lecture, et dans lequel je sentais que je pouvais trouver des clés de compréhension sur le comportement du Lardon.

Changer de regard sur son enfant

Une des clés exposée par Laurence Dudek est l’intention positive : « Tout ce que les enfants font est mû par une intention positive, qu’elle soit consciente ou inconsciente, même lorsque que le résultat produit est indésirable. » Je confirme que le résultat d’un enfant de 3 ans roulant à toute vitesse et EXPRÈS sur mes pieds est hautement indésirable ; mais ainsi son intention serait positive ?! Mais, elle se moque de moi cette Laurence ?!

Et pourtant, elle insiste plus loin : « Avoir conscience de l’intention positive est particulièrement utile quand on ne comprend pas le comportement de son enfant. » Ça, tu peux dire, je ne le comprends pas…

« Si on considère que l’intention est toujours positive et qu’elle a plus d’importance que le résultat, on ne peut pas être déçu de l’enfant, mais seulement déplorer que le résultat qu’il a obtenu n’est pas celui qu’il souhaitait. » Ah, ça, le Bien Joli Papa déplore encore de se prendre des tapes sur le visage quotidiennement…

« Plus l’enfant récidive, plus l’intention doit être positive pour que l’enfant continue malgré les brimades ! » Dans ce chapitre, ce sont ces mots qui m’ont le plus marqué et m’ont permis de changer de regard : ainsi, si le Lardon continue malgré nos réactions pas franchement bienveillantes, c’est que ses actions sont mues par un besoin vraiment impérieux. Car il n’est pas stupide notre fils, il sait qu’il nous fait mal, et qu’il va se faire engueuler. Il a une raison d’agir ainsi et cette raison est plus forte que la violence de nos réactions. Ok soit.

Mais alors, comment comprendre ce qui se passe dans son petit cerveau immature ?? Ou en d’autres mots QUEL EST SON PROBLÈME AU JUSTE À CE GOSSE ?

Laurence Dudek semble lire dans mes pensées puisque quelques pages plus tard, elle explique qu’il est contreproductif de demander pourquoi un enfant agit comme il le fait. À trois ans, on est pas capable de répondre à cette question (alors souvent, on invente). Elle préconise plutôt de tourner la question autrement « Que c’est-il passé ? Comment as-tu décidé de taper ? » mais surtout de creuser soit-même de son côté : les besoins de l’enfant sont-ils assouvis ?

Toute demande est l’expression d’un besoin

Hop, direction donc le chapitre des demandes : « À toute demande, correspond un ou plusieurs besoins. »

Laurence Dudek développe : « Plus les enfants sont jeunes, moins ils sont capables de conscientiser leurs besoins. Ils ne peuvent donc pas toujours les exprimer à bon escient. La demande prend alors une forme anarchique, injustifiée, incompréhensible, décalée dans le temps, disproportionnée, etc. » Injustifiée ? Incompréhensible ? Décalée dans le temps ? Tout cela ressemble bien aux crises que le Lardon vit. Il a semble bien avoir besoin de quelque chose. Mais quoi ?! (Qu’on lui donne et vite !)

Dans les pages suivantes, Laurence Dudek rappelle les besoins vitaux pour un enfant. Respirer, bouger. Dormir. Contacts physiques. Sécurité. Appartenance. Estime. Accomplissement de soi.

Au premier abord, j’ai l’impression que le Lardon a tout cela (et plus encore). Et pourtant, son comportement prouve que non. D’ailleurs, puisque ce comportement a commencé peu après la naissance du Bourgeon, c’est donc par là qu’il faut creuser.

Peut-être que son besoin d’appartenance en a pris un coup depuis que nous sommes une famille de quatre ? Peut-être que son besoin de contact physique n’est- plus comblé depuis la naissance du Bourgeon ?

Par exemple, maintenant que j’y pense, du jour au lendemain, depuis mon retour de la maternité, nous avons arrêté le cododo et il dort maintenant seul dans sa chambre : serait-ce sa manière d’accuser ce changement ?

Du coup, quoi ?

(Re)lire les mots de Laurence Dudek m’aura permis de changer de regard sur les comportements du Lardon, et de ne plus les voir comme une agression personnelle. Alors, même si le besoin qu’il exprimait n’a pas tout de suite été clair et que ses accès de violence ont continué à se produire, cela m’a donné une nouvelle énergie et motivation pour m’aider à garder mon calme chaque fois que cela se produisait.

Et comme cet article est déjà long, je vous propose la suite de l’histoire la semaine prochaine (promis, ça finit bien : nous n’avons pas définitivement enfermé le Lardon dans la cave comme nous l’avons pensé souvent et fort).

10 réflexions sur “Mon fils de trois ans me tape – partie 1

  1. Emilie dit :

    Je dis souvent que ma colère est née avec ma fille, dans le sens où je me suis découvert des besoins (tadam, moi et mes émotions, ça fait 2 !). Il m’a fallu une plombe pour comprendre que ce que je ressentais c’était de la colère !
    Même avec un enfant, j’ai des mauvaises passes (rares, mais elles existent), l’envie de la bousculer ou la coller au mur, surtout comme pour vous quand elle me tape/tire les cheveux. C’est viscéral, et au pire je crie/ elle pleure et j’arrive à me reconnecter à elle, au mieux je m’éloigne et parviens à prendre un peu de recul.
    J’ai lu ton texte avec beaucoup de curiosité et je me dis qu’on est tous dans le même bateau : la solidarité, s’épauler, s’apaiser c’est le mieux qu’on puisse offrir. Et c’est ce que tu nous offred par voie écrite: un témoignage-outil qui nous rappelle que même quand c’est dur, on parviendra à trouver un apaisement.
    Merci et bon mercredi !

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    • chutmamanlit dit :

      Haha, ça me parle beaucoup ce que tu dis sur la colère. Je l’ai d’ailleurs verbalisé récemment en entretien. A la question « Qu’est-ce qui vous met hors de vous ? », je ne savais trop quoi répondre. Au boulot, je me mets rarement en colère non. A la maison par contre, mes enfants ont cette capacité que mes collègues n’ont pas ! Comme tu dis, c’est viscéral, ça doit sortir des relations qu’on a eu enfant aussi surement…

      Merci beaucoup pour ton commentaire 🙂

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  2. pour2graines dit :

    Be non je ne peux pas mettre de photo dans mon commentaire donc : colère et retour au calme de fillozat, 4 histoires pour gérer les émotions de petit chat, grosse colère, je t’aimerais toujours quoi qu’il arrive, les filles journées de maman, les sites hoptoys Apprendre à éduquer, papa positive, et pour moi la sécurité émotionnelle chez l’enfant.

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    • chutmamanlit dit :

      Je t’aimerais toujours quoi qu’il arrive est un ivre qui a beaucoup été lu pendant cette période oui ! Dans mon prochain article, je parlerais de ce que j’ai fait « après », quand j’ai réussi à sortir de ma colère

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      • pour2graines dit :

        Je crois que ça prend du temps. Je crois qu’on peut se dire qu’on est imparfaite comme. Maman qu’on a aussi des défauts, que quand monte sa propre colère c’est coton. Ya eu un moment où il.me tapait beaucoup,de nouveau alors que son papa était là. Mais qu’il dormait était dans une autre pièce. A un moment on a rétablit le tiers. Son papa m’a moins laissé dans cet embarras car symboliquement il était la lui aussi. Ça a apporté du plus. Surtout accueillir la colère tenter de la décoder et ensuite apaiser… J’ai pas encore trouvé comment plein de choses ne marchent plus.. Ça a aidé. Dzs câlins a fond

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  3. pour2graines dit :

    Pas franchement d’accord de ce que dis l’éducation positive. En tous les cas moi je pense que les émotions négatives colère peur tristesse par exemple ont besoin de se décharger et que le parent est testé mais je ne suis pas d’accord pour subir ça. Pour moi si mon fils me marche sur les pieds ça ne sera pas positif du tout. OK comprendre, 3 ans c’est l’âge des frustrations mais c’est sécurisé son enfant que de ne pas laisser passer ce qui n’est pas normal. Après ici on a choisi nos combats. Mais mon fils a passé 6 mois à me taper non stop et yavait plein de causes pour.
    En livre j’ai pas mal de choses mais pas dans la même optique je oende. Je vous si je peux faire des photos. Après cet age c’est celui du terrible two aussi.

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    • chutmamanlit dit :

      On est d’accord que se faire taper dessus n’est pas une chose qu’on peut laisser faire. Mais ma question était plutôt de trouver comment faire passer ce message ; quand mon premier instinct suite à ces attaques, c’était d’être dans la violence moi aussi… Changer de regard sur pourquoi il tapait, ça m’a aidé à prendre du recul et à comprendre toute ces causes.

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