Deux livres jeunesse pour découvrir l’histoire de France

L’autre jour, le Lardon est rentré de sa journée de CP (oui je sais…) (et le Bourgeon est en PS…) en me parlant de… la première guerre mondiale, de la guerre des tranchées, etc. 😱 Wow. Stop. Attends un peu là ! J’ai réalisé douloureusement :

  • Que j’avais très très peu abordé l’Histoire avec lui à la maison (contrairement au corps humain, aux mathématiques, à l’anglais ou tout plein de trucs). Et je déteste quand l’école aborde un truc sans avoir de support à la maison 😅.
  • Que je n’y connaissais rien en Histoire. Je ne saurais même pas citer toutes les grandes époques dans l’ordre, et encore moins leur dates approximatives 😬.

Bref, le constat était clair et sans appel : il me fallait un livre sur l’histoire de France 🤷‍♀️. Vraiment, pas le choix !

Il faut dire que je vois notre bibliothèque comme un investissement sur le long terme. J’achète maintenant beaucoup moins d’albums (j’emprunte plutôt beaucoup à la bibliothèque). Par contre, j’aime m’équiper d’ouvrages qui vont ancrer les apprentissages et servir des années. Et en Histoire, c’est clairement un investissement qui va durer longtemps.

Voici quels étaient mes critères de recherche :

  • Un livre qui raconte l’Histoire, plus que des dates ou des faits. C’est une préférence personnelle mais moi je retiens mieux ainsi : la narration est très importante pour moi.
  • Un livre avec des illustrations réalistes (ou le moins enfantines possibles). Enfant, j’ai souvenir d’avoir été fascinée par certaines pages de mon exemplaire Alain Decaux raconte la révolution française justement parce que les dessins étaient très réalistes.
  • Un livre simple, le plus simple possible dans ses textes.

Enfin, en cours de recherche, j’ai rajouté un dernier critère : je ne cherchais pas un livre exhaustif ou encyclopédique, mais un livre qui présente l’ordre historique, pour construire la notion de temps historique (qui me manque tant !).

Après avoir farfouillé dans des bibliothèques, des librairies, des blogs et des sites d’éditeurs… je n’ai pas trouvé la perle rare, mais j’ai fini par me décider sur deux livres : un pour mes enfants, et un pour moi 😇

Pour mes enfants : Ma première histoire de France

Couverture du livre : une France sur fond bleu, avec des monuments et des dessins dessus.

J’ai aimé :

  • La narration ! Enfin, l’Histoire racontée comme une histoire. Chaque période est racontée en un paragraphe. La suivante commence par « Et après la pré-histoire, il y a … »
  • C’est un très bon premier ouvrage sur le sujet. Ici l’objectif est de présenter les périodes, et leur agencement dans le temps. Parfait pour un premier ancrage. Le livre pourra servir de fil rouge facilement, pour se remémorer.
  • La petite frise présente en bas de chaque page.

le jardin de versailles avec pleins de gens bien habillés qui se promènent gentiment
Illustration par Hervé Florès du Roi Soleil par Florès

J’ai un peu moins aimé :

  • Les dessins ne sont pas assez réalistes à mon goût. Mais chaque double page est illustré par un·e artiste différente, et certain·es sont splendides, j’avoue !
  • L’ouvrage est simple, donc forcément un peu simplifié. La seconde guerre Mondiale n’aborde pas du tout l’holocauste par exemple. Je le dis sans jugement (c’est ce que je cherchais après tout !) : juste pour rappeler que l’ouvrage présente les grandes périodes, mais sans en rentrer dans les détails.

👉 Ma première histoire de France de chez Milan

(Bon point : il se trouve facilement d’occasion pour quelques euros dans une édition avec une couverture plus ancienne, mais au contenu exactement identique)

Pour moi : L’histoire de France illustrée

Couverture jaune claire. On voit une ribambelle de personnages historiques se promener, en tenu d'époque

L’éditeur dit «  Une histoire de France qui se lit comme un roman et qui se retient enfin ! » et c’est presque vrai.

Pour plus de photos de l’intérieur, je vous invite à lire l’article de Mon Bazar Coloré, grâce à qui j’ai découvert le livre.

J’ai aimé :

  • Le livre est synthétique avec une page par « épisode ». Je peux me rafraîchir la mémoire discrètement sur une période donnée.
  • Le livre est complet, depuis les Gaulois jusqu’à 2016 (et le voyage de Thomas Pesquet dans l’espace !). Ça fait 2500 ans en 140 pages.
  • Le livre est joliment illustré, dans un style gravure. On peut se perdre dans les détails, et j’aime ça !

J’ai un peu moins aimé :

  • Je pensais pouvoir le lire à mes enfants (l’éditeur dit 8 à 13 ans). En vérité, ça ne sera pas clairement encore pour tout de suite. Le contenu reste dense (moi même je dois relire certaines phrases deux fois).

👉 L’histoire de France dessinée, de Béatrice Fontanel et Maurice Pommier, aux éditions Gallimard Jeunesse (trouvable d’occasion aussi)

Et tous les autres

À un moment donné, lancée dans ma volonté de pédagogie, j’ai imaginé acheter « un livre par grand période ». Mais je suis assez fière de moi puisque finalement, j’ai su rester raisonnable ! Voici les livres pour lesquels j’aurai pu craquer, mais finalement non :

  • La longue série des Quelle histoire. Désolée, je suis allergique aux dessins que je trouve hideux. Et pour en avoir emprunté un ou deux, je les trouve en plus super difficile d’accès et franchement mal racontés. Oups.
  • Les documentaires Ptit’s docs : c’est une série que mes enfants aiment beaucoup. Celui sur l’Histoire de France est un pavé de 360 pages qui me paraissait assez intéressant (narratif et simple d’accès). Mais j’ai finalement préféré une introduction plus courte.
  • Les livres de la collection Archimède de l’École des Loisirs. Ils mettent en scène des enfants de l’époque (youpi, rien de plus narratif) avec des illustrations réalistes (hiiii c’est si rare de nos jours). Mais : ils ne sont plus édités, galère à trouver d’occasion, et pfff, y en a tellement que je ne sais pas par où commencer ma collection…
  • Les encyclopédies comme La Grande Encyclopédie de l’Histoire ou assimilé. Probablement très bien, mais plutôt pour des plus grands enfants.

Et maintenant ?

Grâce à cette recherche et ces achats :

  • J’ai pu me replonger dans les archives du blog d’une maman/enseignante que j’apprécie beaucoup : « Enseigner » l’histoire de France ?
  • J’ai découvert un site de littérature jeunesse spécialisé en Histoire : Histoire d’en lire recense plus de 1691 livres jeunesse (et malgré son look un peu vieillot, est toujours mis à jours)
  • Je peux à nouveau dormir la nuit, car OUF, voilà un angle mort de moins dans notre bibliothèque 😇.
  • Le Bourgeon (3 ans et demi) peut maintenant me parler de guillotine au petit déjeuner et ça n’a pas de prix j’aurai pu m’en passer, j’avoue 🤪.
  • Je constate une fois de plus que les enfants sont une excuse parfaite pour se (ré)intéresser à tout un tas de choses 🤓.

Deux garçons et un secret

J’ai découvert ce livre par hasard, dans une librairie dite « engagée ». Ici, dans le rayon jeunesse, point de Tchoupi ni de Petit Ours Brun, mais des livres militants, sur le sexisme ou le spécisme.

Et puis donc ce livre, Deux garçons et un secret. En quatrième de couverture, j’apprends que « Émile et Mathis sont les meilleurs amis du monde. Ils partagent leurs jeux. Leurs collations. Et leurs secrets. Un beau matin, Émile fait une découverte dans le bac à sable. Ça lui donne une idée. La plus-meilleure idée de toute sa vie. »

En feuilletant l’album, je réalise bien vite le problème de nos deux héros : avec la bague que découvre Émile, nos deux garçons voudraient se marier. Hélas, « entre deux gars », ça ne se fait pas. (C’est un livre canadien : les mots « gars » en sont la seule trace pour mes yeux de franco française).

J’ai trouvé l’album chouette, il m’a plu, moi qui peste tout le temps que les gens demandent au Lardon si il a une amoureuse mais jamais si son meilleur ami est son amoureux.

Je l’ai trouvé chouette mais je l’ai reposé. Quand même, aller dire à un enfant que des garçons peuvent se marier… Faudrait quand même pas trop leur donner d’idées. Déjà que je laisse mon fils porter du rose et avoir les cheveux longs. Que vont dire les gens si EN PLUS il était au courant qu’il pouvait être homosexuel ? Dès l’enfance et pas sur le tard après des années de thérapie ?


Bon, aussitôt chez moi, j’ai réalisé. Mon homophobie intégrée. Ma peur de ne serait-ce que évoquer autre chose que la norme à mon fils. Ça m’a fait rire jaune, moi qui essaye si souvent de dénoncer ces normes.

Pleine de remords, je le voulais finalement ce livre. Mais hors de question de le commander en ligne, non non non. Je voulais l’acheter dans la librairie indépendante où je l’avais découvert.

Il aura fallu environ 6 mois avant que je repasse dans le quartier. Mais ça y est, je l’ai acheté et même lu (! Tant qu’à faire) à mon garçon.


Deux garçons endimanchés se marient devant leurs copains et copines

Et laissez moi dire tout le bien que j’en pense de ce livre : il raconte une histoire toute simple de deux amis qui s’aiment bien, et qui veulent jouer aux grands. Alors oui, ça parle un peu d’homosexualité et homophobie (sans que ces mots ne soient jamais prononcés), forcément.

Mais pas que. Ça parle aussi de ce qu’on en fait, nous les adultes, des histoires d’enfants. Comment parfois on y voit du mal, avec notre regard d’adulte.

Et puis, ça aborde le jardin secret.m de nos enfants. « Les parents se trompent parfois. Et les enfants ont des secrets parfois. »

Je n’aime pas particulièrement cette idée mais je dois bien commencer à me préparer : mes enfants auront (ont) leurs secrets. Parce que je ne suis pas toujours prête à comprendre leur monde d’enfant. Et parce qu’ils sont leur propre personne, différents de moi.


Alors pour finir cet article, voici trois liens :

Sevrage et littérature jeunesse

Après 2 ans d’allaitement du Bourgeon, je commence à songer à l’après. Oh, ça n’est pas pressé, je veux nous laisser le temps ! Mais n’empêche que, c’est une idée qui trotte dans ma tête de plus en plus régulièrement.

Ces derniers mois ont été éprouvant pour lui (et donc pour moi), à cause d’un changement de garde. J’ai dit adieu au rythme tranquille de 3/4 tétées par tranche de 24 heures pour retrouver un bambin en mode nouveau né, glué au sein pendant plusieurs heures. Même si j’ai accueilli son besoin à ce moment là, j’ai senti que ça lui nous apporterait beaucoup que le Bourgeon puisse trouver du réconfort autrement que mon sein en bouche.

Doucement donc, je découvre que je n’ai pas envie d’aller jusqu’au sevrage naturel. Et doucement, je commence à lui évoquer cette idée, d’un après. Puisque nous ne sommes pas pressés, j’ai eu envie de voir s’il existait des livres pour continuer d’aborder ça avec lui et de faire murir ce projet de sevrage dans nos têtes.

Après quelques recherches, j’ai identifié plusieurs titres. Le sevrage de bambins est un sujet confidentiel, uniquement traité en auto édition… La plupart de ces liens renvoient donc vers le site des autrices :

Je n’ai pas forcément eu le coup de cœur graphique pour l’un d’entre eux, alors pour mon choix, je me suis aidée de commentaires trouvés en ligne, notamment :

J’ai choisi (pour commencer 😇) Les tétées de Maïté que je devrais bientôt recevoir.

Quand à la suite, pour le Bourgeon et moi, elle n’est pas encore écrite 🙂.

Lectures de janvier 2021

Toc toc toc, y a quelqu’un ? Voilà plus de 6 mois que je n’ai pas mis les pieds ici… Et pourtant, ce n’est pas faute d’avoir des choses à dire. Je lis de la littérature jeunesse plus que jamais !

Alors, on change les règles : plus d’Instagram (je l’ai désinstallé de mon téléphone), plus de Facebook (j’ai supprimé la page), moins de recherches pour mes articles, moins de prise de tête, et juste des coups de cœurs ! On essaye ?

Houbi 🦉

C’est l’histoire d’un hibou qui découvre que certains vivent le jour ! Un livre très mignon que j’ai adoré car :

  • Le livre interpelle régulièrement le lecteur, avec beaucoup d’humour. Ça rend la lecture très vivante !
  • C’est plein d’humour (zut, je l’ai déjà dit) et de jeux de mots. Vous saviez sûrement que les hiboux vivaient la nuit mais… saviez-vous qu’ils mettaient des soleillettes de lune plutôt que des lunettes de soleil ?
  • Ça parle de couleurs, alors forcément… Figurez-vous que notre Houbi n’en a jamais vu, vivant de nuit. Quelle surprise, quand il découvrira le jour : orange, rose, jaune !

Bref, c’est léger, c’est un bel exercice d’empathie pour les enfants (pour essayer de se mettre à la place d’une créature qui vit la nuit) et de communication (comment expliquer les couleurs à quelqu’un qui ne les as jamais vu ?). Et aussi, c’est beau et pétillant. Que demander de plus ?

Source : Charline Collette, illustratrice

👉 Houbi, de Julien Hirsinger, Constance Verluca et Charline Collette

Tu peux 💪

Tu peux est un livre gratuit pour enfants, sur le thème des stéréotypes de genres. Aventurières, garçons en princesse et filles chevalières, tout est possible. N’ayant pas d’imprimante, j’étais bien contente de le trouver à la bibliothèque. Simple, efficace, il a beaucoup plu au Lardon.

Merci Élise pour toutes ces ressources gratuites, je suis toujours une grande fan !

👉 Tu peux, d’Élise Gravel

Les fleurs de Grand Frère 🌺

Oh my, quel coup de coeur ! Voilà un livre que je vais être triste de rendre à la bibliothèque, et que je m’achèterais dans les mois à venir. C’est l’histoire d’un Grand Frère, à qui des fleurs poussent sur la tête. Pas facile à assumer ! Au fil des saisons, Grand Frère apprend pourtant à les apprivoiser, sous le regard bienveillant de toute sa famille.

Je ne l’ai pas encore lu au Lardon (bientôt 5 ans), je ne sais pas si il sera très réceptif, mais je souhaite assurément lui lire dans les années qui viennent. Et puis, j’avoue tout : la relation entre ces deux frères est pleine de douceur et de bienveillance, et c’est tout ce que je souhaite à mes enfants.

👉 Les fleurs de Grand Frère, de Gaëlle Geniller

Méli-mélo de mots 🤯

Voici un album pour apprendre à se détacher du sens des mots pour s’intéresser aux sons qui les constituent : en d’autres termes, un livre de rébus !

Quelle joie pour moi de pouvoir commencer à lire ce genre de livres avec le Lardon ! En moyenne section, c’est encore un peu tôt pour lui : il ne trouve pas toujours la solution (« Pont-pied, qu’est-ce que ça peut vouloir dire ? »), mais quelle fierté quand il y arrive !

👉 Méli-mélo de mots, d’Agnès Audras et Valérie Yagoubi

Un peu beaucoup 🌲

« C’est fragile un arbre, il faut en prendre bien soin. Il faut s’en occuper comme d’un ami. » nous répète à tout bout de champ ce petit écureuil qui a bien du mal à joindre les gestes à la parole… Au fur et à mesure qu’il nous rappelle à quel point son arbre est important, le petit écureuil le dézingue complément, jusqu’à ce qu’il n’en reste plus rien ! Il se retrouvera alors fort mal en point….

Oh qu’il est malin cet album ! Les adultes ne pourront s’empêcher de faire le parallèle avec la manière dont nous traitons notre planète 🤐.

À noter qu’Un peu beaucoup est la suite de : C’est MON arbre du même auteur. Je ne l’ai jamais lu mais ça n’a gâché en rien mon plaisir : les deux sont complètement indépendants (juste que maintenant, j’ai hâte de le lire aussi).

👉 Un peu beaucoup, d’Olivier Tallec

Rendez-vous le mois prochain pour d’autres chouettes découvertes !

Quand les livres jeunesses culpabilisent les parents

Disclamer : le brouillon de article a été depuis mon téléphone portable, pendant que je ne m’occupais pas de mes enfants (un m’interpellant sans cesse et l’autre escaladant mes genoux).

 

Parfois, les livres enfants nous font un électrochoc. C’est ce qui m’est arrivée l’autre jour à la bibliothèque. Le Lardon, le Bourgeon et moi étions en train de fouiller plus ou moins délicatement dans les bacs quand le Lardon a voulu que je lui lise une histoire. Ça tombe bien, j’avais déjà une belle petite pile de livres à côté de moi.

Puisque c’est ça je pars

J’avais notamment craqué sur cette couverture pleine de verdure  et l’air malicieux de la héroïne m’a donné envie d’en savoir plus.

👉 Puisque c’est ça, je pars !, de Yvan Pommaux (Ecole des loisirs)

Alors j’ai installé le Lardon sur mes genoux, j’ai posé mon téléphone à côté de moi (entre 2 bacs de livre, je discutais sur mon téléphone avec des ami.es) et j’ai commencé ma lecture.

Nous avons découvert l’histoire de Norma. Elle est au parc avec sa maman et comme tous les enfants, elle a plein de choses à lui dire : « Mamaaaan ! Mamaaaaan ! Maman-maman-maman-maman… » (J’ai super bien fait l’intonation en lisant à voix haute, j’ai un modèle qui me sollicite beaucoup aussi à la maison). Et sa maman elle, est comme toute les mamans : parfois, elle est avec sa fille mais pas totalement avec elle.

20171019_130706#1.jpg

Crédit photo : Sous le feuillage

Finalement, Norma, dépitée du manque d’attention de sa mère obnubilée par son téléphone, décide de partir. Très vite, elle s’enfonce dans un monde imaginaire. L’histoire devient complètement loufoque (je lui ai trouvé un petit côté Ponti, sans queue ni tête) : ça parle de doudou perdu, de tigres, d’amitié, de courage et de peur. A la fin, la maman raccroche son téléphone, et mère et fille se retrouvent. Si vous voulez en savoir plus sur cet album, Sous le feuillage en parle très bien.

Concernant Puisque c’est ça, je pars !, bien que vraiment fan des illustrations, j’avoue ne pas avoir adoré cet album. Moitié à cause du côté loufoque mais surtout parce qu’il m’a vexée. Oui, c’est vrai, parfois les parents portent plus d’attention à leur téléphone qu’à leurs enfants. Et alors, tu vas faire quoi ? Mais quand même, ça m’a fait cogiter. Je me suis demandé s’il existait d’autres livres sur le sujet, comment ils abordaient le sujet et puis même, quelle est leur morale ?

👉 Puisque c’est ça, je pars !, de Yvan Pommaux (Ecole des loisirs)

C’est un livre

cest-un-livre.jpg

👉 C’est un livre, de Lane Smith

Sur le sujet, j’ai pensé au classique C’est un livre. Paru il y a 10 ans maintenant, cet album met en scène un âne, son ordinateur sous le bras, qui vient s’installer en face d’un singe, absorbé dans la lecture d’un livre.

Qu’est-ce que c’est que ça ?
C’est un livre.

Comment on fait défiler le texte ?
On ne peut pas. Il faut tourner les pages. C’est un livre.

On peut s’en servir pour chatter ?
Non, c’est un livre.

Dans ce dialogue de sourd, livre et nouvelles technologies sont mises en opposition. C’est drôle, plutôt bien fait et ça plait souvent aux enfants maaaais bon, dans notre famille où on lit aussi bien en numérique qu’en papier (et où je suis aussi facilement absorbée par mon téléphone que par un livre), je trouve ce parallèle un peu vieux jeux. Les deux peuvent cohabiter, non ?

Pour le plaisir, je mets quand même la version animée car elle est assez savoureuse :

👉 C’est un livre, de Lane Smith

 

Le doudou de maman

doudou-de-maman.jpg

👉 Le doudou de maman, de Denis Lévy-Soussan et Marjorie Béal

Je suis ensuite tombée sur cet album à la couverture très colorée. Dans cette histoire, une petite fille compare son doudou avec celui de sa maman. « Mais pourquoi maman a-t-elle le droit de câliner son doudou à tout bout de champ ? » « Pourquoi peut-elle l’amener partout, et pas moi ? » « Pourquoi lave-t-elle mon doudou, et pas le sien ? »

doudoudemaman_int1_editions_Ricochet.jpg

Et puis quand sa maman perd son doudou, c’est la catastrophe ! Sans son téléphone (vous l’aurez compris, c’est le doudou), la maman est complètement perdue.

doudoudemaman_int2_editions_Ricochet.jpg

La chute de l’histoire, c’est que c’est la petite fille qui l’avait caché, pour apprendre à sa maman « à grandir ».

Je n’ai pas feuilleté personnellement ce titre (mais ce post de Lama Libraire en donne un très bon aperçu) mais honnêtement, je n’y compte pas. Je ne le trouve absolument pas subtil : il s’adresse très clairement plus aux adultes qu’aux enfants ; et si déjà je me sentais culpabilisée par le titre précédent, celui la est pire : « Ma maman se prend pour une grande dame, pourtant, ma maman est une petite fille. » Ça va le paternalisme ? « Dès le réveil, elle attrape son doudou, déposé sur sa table de nuit avant de s’endormir. » Oui bon… touché… « Son doudou est tout froid et dur, le mien est doux et chaud et il sent bon. » Mouiii… C’est un peu de mauvaise foi ça monsieur l’auteur : mon téléphone n’est pas si froid (il surchauffe facilement) et honnêtement, un doudou d’enfant ne sent pas franchement bon…

Alors oui, c’est vrai : Le doudou de maman soulève un vrai problème d’addiction aux nouvelles technologies. Mais la culpabilisation et l’infantilisation n’ont jamais résolu des problèmes…

Next !

👉 Le doudou de maman, de Denis Lévy-Soussan et Marjorie Béal

 

Papa est connecté

Heureusement, il n’y a pas que des mauvaises mères, il y a aussi des mauvais pères ! Et celui là, il est plutôt pas mal dans le genre !

papa-est-connecte.jpg👉 Papa est connecté, de Phillipe Kemetter

«Le pingouin avec l’ordinateur, c’est mon papa.» Ce sont sur ces mots que commence l’histoire de cette famille Pingouin.

pingouin-ordinateur.png

Accro à son ordinateur, ce Papa Pingouin passe beaucoup de temps avec ses amis virtuels, au grand désespoir de sa famille.

icebook.png

Mais un jour, catastrophe ! Il n’y a plus de réseau ! En partant à la recherche d’une connection, ce papa va se retrouver à la dérive sur un morceau de banquise.

L’album se finit sur une double morale :

  • le Papa est sauvé par un ours, un ami vrai de vrai (et pas un vulgaire ami virtuel) ;
  • de retour à la maison, il décide de surfer (littéralement !) sur son ordinateur : toute la famille s’amuse ensemble en passant un beau moment de qualité !

Cet album m’a un peu plus touchée (je me suis reconnue dans cette maman qui aimerait parfois que son mari lâche son écran) (noté que l’inverse arrive aussi hein) mais mais je suis chagrinée par la mise en opposition des amis virtuels versus les amis réels. Je pense qu’en 2020, on a suffisamment de recul pour savoir que des amitiés fortes peuvent naître sur internet ; pour évoluer vers des rencontres ou pas.

Bref, dans cet album, une diabolisation un peu trop simpliste des écrans à mon goût.

👉 Papa est connecté, de Phillipe Kemetter

 

Regarde, Papa

regarde-papa-situation.jpg

👉 Regarde, Papa, d’Eva Montanari

Dans ce livre presque sans texte, on suit un papa complètement accros aux écrans et aveugle à son petit ourson pourtant plein de vie et d’idées pour attirer son attention.

regarde_papa_02.jpg

Petit Ours est pressé de se lever car aujourd’hui c’est jour de fête en ville ! Mais Papa Ours a du travail, il faut encore patienter. Une fois dehors, Petit Ours est émerveillé mais Papa Ours, lui, reste les yeux rivés sur son téléphone… Qu’à cela ne tienne, Petit ours va vivre sa propre aventure.
Une métaphore subtile et intelligente qui nous invite à lever les yeux des écrans et à profiter des beaux instants.

Finalement, le papa lâchera son téléphone pour admirer les frasques secourir son petit.

9791035203184_regarde-papa-4.jpg

Dans cet album, pas de texte pour culpabiliser ou infantiliser le parent «absent», mais des images toutes en poésie pour illustrer des situations parfois absurdes d’un point de vue extérieur.

👉 Regarde, Papa, d’Eva Montanari

 

En conclusion

J’espère que cette petite sélection vous aura plu et aura bien illustré combien un même thème peut être abordé de plusieurs manières. Je crois fermement que les livres jeunesses ne s’adressent pas qu’aux enfants (et ce n’est pas Soline qui va me contredire) et je trouve ça intéressant d’analyser le message qui est derrière.

En attendant, je n’ai pas trouvé le livre parfait sur le sujet des écrans. Mon idéal serait un album bienveillant envers les parents ; un album qui montrerait que oui, parfois le téléphone sert de soupape : il donne au parent un espace moral dans lequel les enfants ne peuvent pas s’immiscer, eux qui sont déjà si présents jour et nuit, dans notre lit, aux toilettes, sur nos genoux, partout, tout le temps.

Cet album idéal n’opposerait pas les écrans à « du temps de qualité avec nos enfants » mais montreraient qu’ils peuvent aussi être un moyen de documenter la vie quotidienne ou encore un lien avec l’extérieur (ô combien nécessaire tant parenter de jeunes enfants peut être isolant).

Et puis dans cet album, j’expliquerais peut être aussi combien les écrans sont conçus pour être addictifs. Plutôt que de culpabiliser le parent, je préfèrerais lui donner des clés pour rompre l’emprise addictive des réseaux sociaux et autres.

Bon, okay, c’est peut être un peu trop de messages à mettre dans un seul livre jeunesse…

 

 

Et vous, connaissez-vous d’autres titres qui abordent cette problématique ? Comment vivez-vous ce phénomène de société ?

Coup de ♥️ jeunesse : Avant, Après

C’est lors du déstockage annuel de ma bibliothèque que j’ai découvert par hasard ce livre illustré. Je l’ai acheté sans même l’avoir ouvert, et c’est seulement à la maison que j’ai découvert à quel point il est intéressant et pourquoi c’est mon meilleur euro dépensé en 2019 !

avant-apres.jpg

👉 Avant après, d’Anne-Margot Ramstein et Matthias Arégui

Dans Avant, Après, chaque double page suit le même modèle : une mise en scène montrant le « avant », et sur la page suivante, le « après ».

annemargotramstein_matthiasaregui-24_670

Il n’est pas toujours évident de trouver le lien entre les deux scènes. Ca me rappelle d’ailleurs le chouette imagier photo de Nicolette Humbert, Que s’est-il passé ?  ou le non moins célèbre Devine qui fait quoi ? de Gerda Muller.

annemargotramstein_matthiasaregui-20_670

Tout au long de la centaine de pages (il est long !), les auteurs jouent sur l’échelle du temps : entre deux scène, il s’écoule parfois moins d’une minute, d’autre fois 10 ans, cent ans, voir même des millénaires !

Et puis, d’autre fois, le rythme du livre est interrompu par une double page. On a alors le suspense de voir tourner la page pour découvrir la scène d’après.

annemargotramstein_matthiasaregui-21_670

Par moment, les auteurs poursuivent la série plusieurs doubles pages d’affilées, pour les quatre saisons par exemple ou encore pour cette scène qui montre des moutons, puis une pelote de laine, encore plus tard un tricot, et pour finir, un enfant qui joue dans la neige avec son bonnet sur la tête.

annemargotramstein_matthiasaregui-27_670

Avant, Après est un album sans texte : l’interprétation est à la liberté du lecteur, qu’il sache lire ou non. Ce n’est pas la première fois que je vous clame mon affection toute particulière pour ce type de livre : je les aime d’amour car ils permettent d’être lu chaque jour, avec un discours différent.

annemargotramstein_matthiasaregui-25_906

Bref, c’est vraiment un petit bijou qui peut se regarder longtemps. Pour les plus jeunes, il peut servir d’imagier et pour les plus grands, on prendra plaisir à le commenter, à discuter des conséquences de nos actions et du temps qui passe.

annemargotramstein_matthiasaregui-22_670

Et puis, Avant, après permet d’évoquer de sujets chers à mon cœur comme la nature (et surtout l’impact de l’homme sur la nature) ; mais aussi des sujets plus légers : qui de l’œuf ou la poule est arrivé le premier ?

annemargotramstein_matthiasaregui-23_670

Avec cet album, Anne-Margot Ramstein et Matthias Aregui ont d’ailleurs gagné le prix du Bologna Ragazzi en 2015 dans la catégorie non-fiction (note pour plus tard : aller fouiller les autres lauréats de ce prix) et c’est bien mérité !

dedans-dehors.jpg

👉 Dedans dehors, d’Anne-Margot Ramstein et Matthias Arégui

D’ailleurs, le duo RamsteinAregui a remis ça quelque années plus tard avec un autre opus : Dedans, dehors.

matthiasaregui_dedansdehors3_1000

Dans ce livre, la double page donne un aperçu en simultané d’un même espace : dedans et dehors. Les auteurs vont encore plus loin dans la diversité des points de vue et de perspective.

matthiasaregui_dedansdehors7_1000

Bizarrement, je le trouve plus difficile à appréhender. Même moi, adulte, j’ai besoin de plusieurs secondes pour comprendre le lien entre les images (mais c’est peut-être ça qui le rend encore plus intéressant) et la palette de couleur me touche moins que Avant, Après.

matthiasaregui_dedansdehors9_1000

Pourtant, les doubles pages offrent encore plus de détails à découvrir et entraînent à ressentir la relativité des événements selon que l’on place le curseur dedans ou dehors. Je finirais surement par craquer un jour pour ce livre là aussi !

Des affiches littérature jeunesse gratuites

Dans notre salon en forme de L, une grande partie est devenue « le coin des enfants » (enfin, quelle partie de la maison n’est pas devenu le coin des enfants, je vous le demande…)

Mais deux ans après notre emménagement, si les enfants ont bien investi les lieux, la décoration, elle reste plutôt sommaire et les murs désespérément blancs… Alors après avoir longuement réfléchi à ce qu’on pouvait y mettre, j’ai eu une révélation : des affiches en lien avec l’univers jeunesse, évidemment !

Après quelques recherches, j’ai trouvé pleeeeeeein de belles choses, à tout les prix : gratuit ou pas trop cher ! Je me dis que ça pourra surement vous plaire aussi alors, attention les mirettes, c’est parti !

Des affiches promotionnelles

Vous en avez forcément déjà vu à la bibliothèque ou dans les salles de classe : les éditeurs envoient parfois des affiches si on leur en fait la demande. Souvent réservé aux classes, bibliothèques ou lieu d’accueil pour les enfants ; les maisons d’éditions acceptent parfois d’en envoyer aux particuliers en échange de frais de ports.

Le blogueur et prof des écoles Gandalf a fait une liste des éditeurs qui se prêtent à ce jeu. Attention cependant, la liste date de 2012, les choses ont probablement changé depuis. De mon côté, j’ai contacté quelques unes de mes maisons d’éditions préférées, j’ai par exemple reçu un super catalogue d’affiches de la part de Rue du monde.

Des affiches à télécharger sur le site de l’éditeur

D’autres éditeurs permettent directement le téléchargement d’affiches en haute résolution. C’est le cas de Belin par exemple : regardez moi ces beautés ❤ ! Il n’y a plus qu’à les imprimer et les encadrer !

Chez Didier Jeunesse, on peut télécharger des fonds d’écrans qui sont dans une résolution suffisante pour être imprimée en 70 par 100 cm (je dis ça, je dis rien 😇)

ou_tu_lis_toi.jpg

Les affiches de festival littérature

Certaines affiches pour des évènements sont de véritables oeuvres d’arts ! Je me suis permis d’envoyer quelques mails pour savoir s’il restait ici ou là des affiches, on ne sait jamais ! Affaire à suivre !

Les affiches d’Elise Gravel

J’aime beaucoup le travail d’Elise Gravel qui propose des affiches à imprimer en haute résolution. Personnellement, j’ai un faible pour ces trois là :

Les affiches de Chris Haughton

Chris Haughton propose plusieurs freebies sur son site, dont ces deux splendides affiches ! Celle orange avec les chouettes qui invitent à aller à la bibliothèque (existe aussi avec la librairie) va évidemment finir sur un de mes murs !

Des jaquettes de livres

Chez les Editions Les Fourmes Rouges, la jaquette de couverture du petit bijou Une maman, c’est comme une maison se déplie pour se transformer en affiche ! Dommage, j’ai offert le livre (et l’affiche avec donc). Peut-être que j’aurais du la garder, ni vu ni connu 😇 ?

 

Sur la boutique des artistes

Et puis bien sûr, on peut aussi aller voir sur le site de nos illustrateurs et illustratrices préférés, pour acheter leurs œuvres. Les tirages limités sont un vrai budget mais certains proposent des impressions plus facile d’accès. Voici en vrac, quelques un de mes chouchous qui vendent leurs illustrations à des tarifs très abordables :

Ilya Green vend quelques un de ses magnifiques dessins pleins de douceur pour moins de 25 €.

jeux-de-tigres-peggy-nille.png

Peggy Nille vend plusieurs affiches sur Les Artychauts, à partir de 24 €.

Sur la boutique Eric Carle, on peut trouver des chouettes posters colorés comme j’aime pour moins de 15 €.

Ça en fait des belles choses, tout ça, non ?

Bon, rendez-vous dans quelques mois (années ???) quand j’aurais reçu / imprimé / encadré / accroché tout ça !

Et vous, vous avez des bons plans ?

La naissance : découvrez vos super pouvoirs !

naissance-en-bd-gomez

👉 La naissance en BD – Découvrez vos super pouvoirs ! de Lucile Gomez
Je n’avais pas prévu de lire de nouveaux livres en rapport avec l’accouchement, mais quand Lucile Gomez a annoncé ce livre, j’avais vraiment hâte de le lire ! Je la suis depuis plusieurs années sur Instagram et j’adore ses illustrations : elle aborde les thèmes du maternage et/ou du féminisme, alors forcément ça me parle !

Son dernier livre, La naissance en BD donc, est édité chez Mama éditions. Mais siiiii, vous savez, la petite maison qui a traduit l’ouvrage la bible de Ina May Gaskin, Le guide de la naissance naturelle ! Rien que ça !

Le guide de la naissance naturelle

Mais revenons en à La naissance en BD. Dans cet album, Lucile Gomez a fait un travail énorme de vulgarisation sur l’accouchement physiologique. En image et avec beaucoup d’humour, elle explique comment le corps et la tête fonctionnent pendant la grossesse et la naissance.

Ainsi, elle aborde la différence entre pathologie et physiologie, les contractions, les hormones qui entrent en jeu, la douleur et la souffrance, la péridurale, le sexe et tous les choix auxquelles les femmes devraient avoir le droit pendant ce moment.

medecine-accouchement

Le sens de la mesure des gens quand on dit qu’on veut un accouchement moins médicalisé est ici représenté par Mefisto, le chat de Lucile Gomez.

Dans ce premier tome, Lucile Gomez s’est donné pour mission de rappeler aux femmes qu’elles possèdent toutes, depuis la nuit des temps, les super pouvoirs qui leur permettent de donner naissance à leur enfant.

lucile-gomez-tu-sais-faire.png

Difficile de décrire cet album : on y trouve à la fois des conseils pratiques, une foultitudes d’informations sur le déroulement de l’accouchement mais c’est aussi un magnifique plaidoyer pour le droit de choisir son accouchement ; une ôde aux femmes et à leur corps, une invitation à respecter les choix de chacun et chacune.

lucile-gomez-corps-des-femmes.png

Certaines planches sont tellement magnifiques que j’aimerais les encadrer dans mon salon ! (Hélas, je n’ai que le service presse numérique de l’album, ça rend mal…)

lucile-gomez-lacher-prise.png

Et pour ne rien gâcher, l’album est (très) drôle.

En bref, c’est la bande dessinée parfaite à mettre dans les mains de toute personne enceinte, ou toute personne accompagnant une femme enceinte qui n’aurait pas envie de lire les 575 pages de Une naissance heureuse de Isabelle Barbant Brabant 😇. Et je la rajoute illico à la liste de mes ressources préférées pour préparer son accouchement physiologique !

Et, bon à savoir, déjà deux autres tomes sont prévus ! Youpi !

lucile-gomez-la-naissance-tome2.jpeg

Et vous, connaissiez-vous le travail de Lucile Gomez ?

Mon fils de trois ans me tape – partie 2

Je vous racontais la semaine dernière que peu de temps après la naissance du Bourgeon, le Lardon s’est mis à avoir quotidiennement des gestes violents envers nous. L’ambiance devenant franchement électrique à la maison, j’ai décidé de chercher de l’aide dans les livres.

Ma première lecture m’a permis de conclure que… le Lardon vivait mal la naissance de son frère. Super, ça m’avance bien tout ça. Mais après, qu’est-ce qu’on peut faire pour l’aider à vivre ce changement ?

Renouer avec son enfant

Développer le lien parent-enfant par le jeu

Je me suis alors orientée vers un autre de mes livres chouchou : Développer le lien parent-enfant par le jeu, d’Aletha Solter. En effet, de toutes mes lectures et de toutes les théories existantes, la parentalité ludique est celle qui me plait le plus : sortir d’un conflit par le jeu permet à la fois de désamorcer une situation compliquée et de recréer un lien là où les cris ont tendance à accomplir l’inverse.

C’est tout le propos du livre d’Aletha Solter, psychologue spécialiste du développement des enfants, qui s’intéresse à la manière dont les jeux parents-enfants peuvent permettre aux enfants de libérer leurs émotions sans violence, tout en se sentant soutenus par leurs parents.

Ainsi, fatiguée d’une énième crise (« Aïe mon pied bordel !! Pourquoi tu m’écrase exprès satané gosse ??? »), j’ai sorti le livre de ma bibliothèque, ouvert la table des matières et cherché la réponse. Ou une réponse. N’importe quoi. Aidez-moi à ne pas tuer cet enfant.

Tiens entre « Chapitre 5. L’usage d’expressions grossières » et « Chapitre 8. Mentir, tricher et voler », il y a deux chapitres intriguant : « La colère et l’agressivité » suivi de « La rivalité entre membre d’une fratrie ».

Voyons ce qu’Aletha Solter a à dire sur le sujet !

Libérer les tensions

Pour expliquer l’agressivité d’un enfant, Aletha Solter explique que « Quand les enfants cherchent le contact physique mais ressentent en même temps un fort sentiment de colère, les tentatives de rapprochement peuvent inclure un comportement agressif tel que frapper son parent, les bousculer ou leur sauter dessus. ». Tiens tiens, on dirait chez nous ça.

Dans ces cas là, une des solution, Aletha Solter préconise de désamorcer une situation de conflit par le rire via des jeux de renversement de pouvoir : des jeux où le parent paraît faible, impuissant, ignorant, stupide… Ces jeux fournissent alors à l’enfant en colère un exutoire sûr et sain à son agressivité.

Un exemple de ce type de jeu est de se courir après et de se chatouiller. En laissant l’enfant décider quand il se laisse attraper, le pouvoir est chez lui (pour une fois). De plus, en courant et en utilisant nos mains, on est aussi dans un jeu actif qui libère les tensions.

Je décide d’essayer quelques jours plus tard. Je n’ai pas eu à attendre longtemps : plusieurs fois par jour, pour aucune raison apparente, le Lardon s’approchait de moi pour me taper. J’ai testé alors de réagir par le rire « Oh, mais on dirait que ce petit garçon cherche les chatouilles ! Oh oh ! Si je l’attrape, cet enfant va m’entendre, je vais tellement le chatouiller qu’il n’arrivera plus à se libérer ! ». A chaque fois, la situation s’est apaisée en quelques secondes, c’était vraiment impressionnant.

Mais le problème de cette démarche ludique est qu’elle demande beaucoup de disponibilité mentale : il faut arriver à formuler un jeu dans sa tête, et surtout (c’était le plus délicat pour moi à ce moment), avoir envie de « lâcher ». Moi, bien souvent, après m’être fait foncer dedans pour la 4ème fois de la journée par un enfant en pleine vitesse, j’avais plutôt envie de l’étriper (mais comme je suis une adulte responsable et mature, je me contentais m’eloigner pour ne pas vraiment lui faire mal, en bougonnant dans ma barbe « J’en peux plus de ce gosse, sérieux, il me les brise, je vais le foutre dehors ça va être vite vu »).

Combler ses besoins

J’ai fini par comprendre qu’il serait plus simple de proposer des jeux comblant les besoins d’agressivité et de contact du Lardon quand tout va bien, plutôt que pendant une crise. En plus, ça me permettait de résoudre à une de mes inquiétudes : si, chaque fois qu’il me fait mal, je réponds par le jeu, ne va-t-il pas recommencer encore plus souvent ?

Ainsi, j’ai proposé des jeux « agités » au Lardon, des jeux lui permettant de nous frapper, de nous pousser (mais avec notre consentement).

Pendant quelques semaines, nous avons donc beaucoup beaucoup beaucoup joué au jeu des chaussettes (on se chahute jusqu’à réussir à enlever les chaussettes de l’autre) ou à la bataille de coussins.

Ce qui est intéressant aussi dans ces jeux, c’est de laisser l’enfant maître des règles : « Non, c’est QUE MOI qui tape » propose-t-il parfois. Alors, je me laisse taper, sans répondre. Cela lui permet de reprendre le contrôle, le temps d’un jeu (dans une période de sa vie où on lui demande de jouer moins fort, de laisser le bébé, de ceci ou de cela).

(Instant coïncidences de publication : dans la famille de Si Tu Veux Jouer aussi, on aime la bagarre)

Redorer l’image de son enfant

En parallèle de re-créer un lien avec notre fils par le jeu, je me suis attelée à modifier l’image et la perception que nous avions de lui (et qu’il avait donc de lui même).

J’ai donc ressorti ma bible de la communication : Parler pour que les enfants écoutent, écouter pour que les enfants parlent, de Adele Faber & Elaine Mazlish (je vous avais déjà dit tout mon amour pour ce livre d’ailleurs).

Parler pour que les tout-petits écoutent

Parler pour que les tout-petits écoutent, de Joanna Faber et Julie King est une « mise à jour » du succès de Faber et Mazlish dont la mission est d’accompagner les parents dans la vie de tous les jours en leur donnant des outils pour communiquer efficacement. Je préfère cette version, plus récente donc plus agréable à lire, et qui s’attarde plus précisément sur les défis liés à l’éducation des moins de 7 ans (par exemple, moins d’outils pour résoudre les conflits liés aux devoirs mais plus sur la continence).

Être le trésor de ses bons coups

J’en avais parlé dans ma revue plus complète : la traduction (québécoise et non pas française) de Parler pour que les enfants écoutent, écouter pour que les enfants parlent de Faber & Mazlish est calamiteuse MAIS ça a au moins eu le mérite d’aider à mémoriser cet outil en particulier : « être le trésor des bons coups de son enfant », ou, en français correct, « attacher plus d’importance aux bons comportement de son enfant, qu’aux mauvais ».

Et je me suis tout particulièrement rendue compte de l’importance de ce conseil, quand un soir, j’accompagnais le Lardon vers le sommeil. Alors qu’il était allongé dans son lit (« Super, il dort bientôt, dans 5 minutes, je peux aller me mettre au lit moi aussi et finir mon bouquin »), il s’est relevé soudainement (« Mais quel relou ce gosse ! ») pour me faire un bisous sur le front (« Oooooow ❤ ❤ »). Je lui chuchote alors « J’ai de la chance de t’avoir comme fils, mon cœur » et lui de me répondre « Non t’as pas de chance parce que parfois, je te fais mal avec ma voiture » (« Ooooooh 😭😭 »). Alors, dans la pénombre de la chambre, je lui ai rappelé tout ce qu’il a fait de bien et d’attentionné, ce jour là et les précédents (un paquet !) : j’ai été le coffre à trésor de ses bons coups ce soir là, et je me suis promis d’essayer de l’être encore plus dans les jours qui allaient suivre.

Éviter de le cataloguer

Ce qui m’a fait cogiter sur le sujet des « étiquettes ». Si le Lardon se voit comme un affreux jojo, c’est peut-être parce qu’on le répète trop souvent. Oh, j’ai identifié sans peine comment c’est arrivé :

  • Quand nos amis nous demandent comment ça va depuis la naissance du Bourgeon, nous répondons le plus souvent que le Lardon « est insupportable, il nous tape tout le temps. »
  • Quand, frustrés, nous les apposons nous même : « De toute façon, tu dis non à tout. » « Tu n’arrête pas de me taper. »

Pourtant, je le sais que pour les enfants, une étiquette est une sorte de case, de laquelle on a bien du mal à s’extirper. Ces étiquettes sont si puissantes qu’elles tracent la destinée de nos enfants qui vont agir consciemment et inconsciemment pour les valider. De la même manière, les adultes ont ensuite tendance à interpréter les évènements de manière à ce que l’étiquette soit juste.

Une étiquette donne naissance à des croyances qui s’auto-alimentent. La bonne nouvelle, c’est qu’une fois qu’on en a pris conscience, on peut travailler dessus facilement.

Dans les semaines qui ont suivi, j’ai fait en sorte qu’il m’entende dire des choses positives à son sujet, et j’ai surtout orienté l’attention vers les comportements attendus en utilisant des formulations positives : j’ai arrêté de dire « J’en ai marre que tu m’écrases avec cette voiture » pour dire plutôt, chaque fois que cela arrivait : « Oh, c’est bien, tu t’es arrêté avant d’arriver sur moi » (oui, on en était là…)

Ainsi, au fur et à mesure, nous avons présenté au Lardon une nouvelle image de lui-même plus positive.

Et aujourd’hui ?

Difficile de conclure cet article. Les choses évoluent en continu et effectivement, doucement, on a réussi à trouver un apaisement tous les quatre, un moyen d’exister ensemble sans être « l’enfant qui tape » et « les parents qui se font taper », sans se crier dessus et se faire mal chaque jour. Ça ne s’est pas fait du jour au lendemain évidemment : il nous a fallu du temps pour comprendre ce qui se passait puis pour changer les choses mais aujourd’hui, c’est (la plupart du temps) dernière nous.

Mais je suis réaliste : rien n’est acquis et j’ai vu comme un cercle vicieux de violence et de ressentiment peut facilement se former au sein d’une famille. J’espère que nous saurons en sortir plus rapidement si besoin une prochaine fois… Dans tous les cas, je garde précieusement mes livres sous le coude ❤.

Mon fils de trois ans me tape – partie 1

Aujourd’hui, j’ai envie de partager une tranche de vie, une histoire qui date de plusieurs mois. J’ai longtemps hésité à publier cet article (il ne met ni la personnalité de notre fils ni nos qualité de parents en valeur) mais un commentaire dans mon article des « retrouvailles » m’a convaincu qu’ils pouvaient intéresser d’autres familles.

Alors voilà la situation :

Notre fils de trois ans nous tape. Quelques semaines après la naissance du Bourgeon, le Lardon a commencé à parfois des gestes violents envers nous : il nous tapait avec ses mains ou bien nous fonçait dessus avec son porteur. Parfois, nous arrivions à comprendre ce qui a amené sa réaction (quand je ne peux pas l’accueillir sur les genoux car j’allaite ou quand son père et moi sommes tous les deux occupés à quelque chose et ne nous occupons donc pas de lui) même si je ne l’approuve pas. Mais d’autres fois, ses gestes semblaient « sortir de nulle part » (par exemple pendant un jeu ou un moment de partage). Dans ces moments là, et pour la première fois depuis trois ans, j’ai eu énormément de mal à rester bienveillante. La douleur et l’incompréhension font que j’ai souvent eu envie de l’éclater contre le mur lui faire mal moi aussi. La scène se répétant plusieurs fois par jour, régulièrement chaque semaine, le climat familial est devenu de plus en plus électrique, ni l’amoureux ni moi n’arrivant à prendre le relai et à rester calme face à ces agissements. Comment faire pour apaiser notre fils ?

Cette phase aura duré pas loin de deux mois et aura été épuisante pour nous tous (sauf peut-être le Bourgeon, qui vit le plus souvent sa vie comme un bienheureux). Maintenant que c’est dernière nous, je ressent le besoin de mettre par écrit les choses qui m’ont aidé pour en garder trace.

Pendant cette période difficile et intense (des cris ont été poussés, des enfants bousculés, des murs tapés et j’en passe), où nous en arrivions à ne plus avoir envie de voir notre fils et où,  à plusieurs reprises, j’ai eu peur de mes réactions toujours plus violentes ; j’ai fini par chercher de l’aide : auprès des livres évidemment. Je n’avais pas l’espace mental disponible pour relire des livres en entier, alors je me suis concentrée sur ceux qui m’ont le plus bouleversé dans le passé, et uniquement sur les chapitres qui pouvaient m’intéresser.

Cet article ne contiendra aucune recette miracle pour répondre à ce genre de problème, juste un partage de processus de pensée.

Comprendre mon fils

parents-bienveillantsJ’ai d’abord commencé par ré-ouvrir Parents bienveillants enfants éveillés, de Laurence Dudek. Laurence Dudek est psychopédagogue (étude des méthodes d’apprentissages et d’éducation) et psychothérapeute (aide aux troubles du comportements). Cette double compétence lui a permis de développer dans son ouvrage Parents bienveillants, enfants éveillés des clés pour comprendre les enfants et les accompagner dans leurs apprentissages tout en respectant leurs besoins. C’est un livre qui m’avait beaucoup marqué lors de ma première lecture, et dans lequel je sentais que je pouvais trouver des clés de compréhension sur le comportement du Lardon.

Changer de regard sur son enfant

Une des clés exposée par Laurence Dudek est l’intention positive : « Tout ce que les enfants font est mû par une intention positive, qu’elle soit consciente ou inconsciente, même lorsque que le résultat produit est indésirable. » Je confirme que le résultat d’un enfant de 3 ans roulant à toute vitesse et EXPRÈS sur mes pieds est hautement indésirable ; mais ainsi son intention serait positive ?! Mais, elle se moque de moi cette Laurence ?!

Et pourtant, elle insiste plus loin : « Avoir conscience de l’intention positive est particulièrement utile quand on ne comprend pas le comportement de son enfant. » Ça, tu peux dire, je ne le comprends pas…

« Si on considère que l’intention est toujours positive et qu’elle a plus d’importance que le résultat, on ne peut pas être déçu de l’enfant, mais seulement déplorer que le résultat qu’il a obtenu n’est pas celui qu’il souhaitait. » Ah, ça, le Bien Joli Papa déplore encore de se prendre des tapes sur le visage quotidiennement…

« Plus l’enfant récidive, plus l’intention doit être positive pour que l’enfant continue malgré les brimades ! » Dans ce chapitre, ce sont ces mots qui m’ont le plus marqué et m’ont permis de changer de regard : ainsi, si le Lardon continue malgré nos réactions pas franchement bienveillantes, c’est que ses actions sont mues par un besoin vraiment impérieux. Car il n’est pas stupide notre fils, il sait qu’il nous fait mal, et qu’il va se faire engueuler. Il a une raison d’agir ainsi et cette raison est plus forte que la violence de nos réactions. Ok soit.

Mais alors, comment comprendre ce qui se passe dans son petit cerveau immature ?? Ou en d’autres mots QUEL EST SON PROBLÈME AU JUSTE À CE GOSSE ?

Laurence Dudek semble lire dans mes pensées puisque quelques pages plus tard, elle explique qu’il est contreproductif de demander pourquoi un enfant agit comme il le fait. À trois ans, on est pas capable de répondre à cette question (alors souvent, on invente). Elle préconise plutôt de tourner la question autrement « Que c’est-il passé ? Comment as-tu décidé de taper ? » mais surtout de creuser soit-même de son côté : les besoins de l’enfant sont-ils assouvis ?

Toute demande est l’expression d’un besoin

Hop, direction donc le chapitre des demandes : « À toute demande, correspond un ou plusieurs besoins. »

Laurence Dudek développe : « Plus les enfants sont jeunes, moins ils sont capables de conscientiser leurs besoins. Ils ne peuvent donc pas toujours les exprimer à bon escient. La demande prend alors une forme anarchique, injustifiée, incompréhensible, décalée dans le temps, disproportionnée, etc. » Injustifiée ? Incompréhensible ? Décalée dans le temps ? Tout cela ressemble bien aux crises que le Lardon vit. Il a semble bien avoir besoin de quelque chose. Mais quoi ?! (Qu’on lui donne et vite !)

Dans les pages suivantes, Laurence Dudek rappelle les besoins vitaux pour un enfant. Respirer, bouger. Dormir. Contacts physiques. Sécurité. Appartenance. Estime. Accomplissement de soi.

Au premier abord, j’ai l’impression que le Lardon a tout cela (et plus encore). Et pourtant, son comportement prouve que non. D’ailleurs, puisque ce comportement a commencé peu après la naissance du Bourgeon, c’est donc par là qu’il faut creuser.

Peut-être que son besoin d’appartenance en a pris un coup depuis que nous sommes une famille de quatre ? Peut-être que son besoin de contact physique n’est- plus comblé depuis la naissance du Bourgeon ?

Par exemple, maintenant que j’y pense, du jour au lendemain, depuis mon retour de la maternité, nous avons arrêté le cododo et il dort maintenant seul dans sa chambre : serait-ce sa manière d’accuser ce changement ?

Du coup, quoi ?

(Re)lire les mots de Laurence Dudek m’aura permis de changer de regard sur les comportements du Lardon, et de ne plus les voir comme une agression personnelle. Alors, même si le besoin qu’il exprimait n’a pas tout de suite été clair et que ses accès de violence ont continué à se produire, cela m’a donné une nouvelle énergie et motivation pour m’aider à garder mon calme chaque fois que cela se produisait.

Et comme cet article est déjà long, je vous propose la suite de l’histoire la semaine prochaine (promis, ça finit bien : nous n’avons pas définitivement enfermé le Lardon dans la cave comme nous l’avons pensé souvent et fort).